Les secours tentent, dimanche 30 mars, deux jours après un violent séisme qui a secoué et endeuillé la Birmanie et la Thaïlande voisine, de retrouver des survivants dans les montagnes de destructions. Le bilan s’est fortement alourdi, samedi : 1 644 personnes sont mortes et 3 408 autres ont été blessées en Birmanie, après ce tremblement de terre de magnitude 7,7 qui a frappé dans le centre du pays, a fait savoir la junte au pouvoir. Un précédent bilan faisait état de 1 007 morts et 2 389 blessées.
Le séisme, peu profond, s’est produit vendredi au nord-ouest de la ville birmane de Sagaing vers 12 h 50, en Birmanie, et 13 h 20 en Thaïlande (7 h 20, à Paris), suivi par une réplique de magnitude 6,7 quelques minutes après. Depuis, des répliques restent perceptibles, ressenties encore dimanche matin, aggravant la détresse des habitants.
Les secousses ont provoqué des scènes de chaos et de désolation en Birmanie, où l’effondrement de maisons, d’immeubles, de ponts ou de sites religieux laisse craindre une catastrophe de grande ampleur dans un pays rendu exsangue par le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de la junte, en février 2021. Un séisme d’une telle intensité n’avait pas frappé la Birmanie depuis des décennies, selon les géologues américains, les secousses étant suffisamment puissantes pour semer la terreur à 1 000 kilomètres de l’épicentre, parmi des millions d’habitants de Bangkok, capitale de la Thaïlande.
La majorité des victimes se trouvent dans la région de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie. Mais les moyens de communication étant endommagés, le bilan humain pourrait fortement s’aggraver. Plus de 90 personnes seraient piégées dans les décombres d’un immeuble dans la ville, selon un responsable de la Croix-Rouge à l’Agence France-Presse (AFP).
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Appel à la solidarité internationale de la junte birmane
Près de l’aéroport de Mandalay, des agents de sécurité ont refoulé des journalistes. « C’est fermé depuis [vendredi] », a lancé l’un d’eux. Les destructions sur le site pourraient compliquer les opérations de secours dans un pays où le système de santé est décimé.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a invité « tout pays, toute organisation » à apporter son aide alors que six régions sont en état d’urgence – par le passé, les régimes militaires étaient réticents à demander un soutien de l’étranger après des catastrophes.
Des secouristes fouillent les décombres d’un immeuble détruit par le séisme à Mandalay, en Birmanie, le 29 mars 2025. SAI AUNG MAIN/AFP
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit avoir envoyé en urgence près de 3 tonnes de fournitures médicales vers les hôpitaux de Mandalay et de Naypyidaw où sont pris en charge des milliers de blessés. Des pays de la région ont aussi prêté main-forte. La Chine a déclaré avoir envoyé 82 sauveteurs et s’est engagée à fournir 13,8 millions de dollars (12,7 millions d’euros environ) d’aide humanitaire d’urgence. Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La France, l’Union européenne, Hongkong, la Corée du Sud, l’Iran, la Malaisie et l’Indonésie ont également proposé leur assistance.
Le Royaume-Uni a promis, de son côté, 10 millions de livres sterling (12 millions d’euros) afin « d’accroître l’aide dans les zones les plus durement touchées par le séisme et de financer l’approvisionnement en nourriture et en eau, des médicaments et des abris ».
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« Nous allons les aider. (…) C’est terrible ce qui se passe », a dit, de son côté, le président américain, Donald Trump, à des journalistes à la Maison Blanche.
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Des combattants anti-junte annoncent un cessez-le-feu pour faciliter les opérations de secours
Les agences humanitaires ont prévenu que la Birmanie n’était absolument pas préparée à faire face à une catastrophe de cette ampleur. Le conflit civil a déplacé quelque 3,5 millions de personnes, selon les Nations unies, qui ont prévenu fin janvier que 15 millions de Birmans risquaient de souffrir de la faim en 2025.
Samedi, l’ONU a averti qu’une grave pénurie de fournitures médicales impactait l’assistance déployée dans le pays, soulignant que les victimes avaient un besoin urgent d’aide humanitaire. Sont notamment concernés par la pénurie, les « kits de traumatologie », les poches de sang, les produits anesthésiques, certains médicaments essentiels et des tentes pour les secouristes, a listé le Bureau de la coordination humanitaire des Nations unies (OCHA).
Dans ce contexte, les combattants anti-junte des Forces de défense populaire (FDP) ont décrété un cessez-le-feu partiel de deux semaines avec l’armée à partir de dimanche, afin de faciliter les opérations de secours. Le groupe a assuré, dans un communiqué, qu’il allait « collaborer avec l’ONU et les ONG pour assurer la sécurité, le transport et l’établissement de camps de secours et médicaux temporaires » dans les zones qu’il contrôle.
L’armée birmane mène une guerre civile sur plusieurs fronts depuis qu’elle a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi en février 2021. Elle est opposée à la fois aux PDF et à des groupes armés ethniques, dont beaucoup l’affrontent depuis des décennies.
Des dizaines d’ouvriers pris au piège à Bangkok
De l’autre côté de la frontière, en Thaïlande, le bilan s’est alourdi à dix-sept morts à Bangkok. L’autorité métropolitaine de la capitale thaïlandaise a fait savoir que trente-deux personnes avaient été blessées et 83 restaient portées disparues, la plupart ayant été ensevelies par l’effondrement d’une tour de 30 étages en construction, proche du marché de Chatuchak, prisé des touristes. Les chances de sortir vivants les ouvriers s’amenuisent heure après heure.
L’opération de secours a mobilisé de grosses pelleteuses mécaniques, des chiens renifleurs et des drones à imagerie thermique pour repérer des signes de vie parmi les décombres. La métropole de Bangkok a ordonné le déploiement d’une centaine de spécialistes pour contrôler la sécurité des bâtiments, après avoir reçu plus de 2 000 signalements de dommages. Les autorités locales ont annoncé le déploiement de spécialistes pour réparer 165 immeubles, dimanche.
A Bangkok, où les séismes sont extrêmement rares, les secousses ont été illustrées par des images spectaculaires : foule d’habitants évacués dans les rues, ou des piscines sur le toit d’immeubles ou d’hôtels qui débordent. Une femme a dû accoucher en plein air après avoir été évacuée d’un hôpital. Un chirurgien a également continué à opérer un patient à l’extérieur, après qu’il eut fallu quitter d’urgence le bloc, selon un porte-parole à l’AFP.
Les tremblements de terre sont relativement fréquents en Birmanie : six ayant atteint ou dépassé une magnitude 7 se sont produits entre 1930 et 1956 près de la faille de Sagaing, qui traverse le centre du pays du nord au sud.
Le Monde avec AFP
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