L’explosion survenue samedi 26 avril dans un important port du sud de l’Iran a fait au moins 40 morts et plus d’un millier de blessés, selon un nouveau bilan du directeur du Croissant-Rouge iranien.
Une puissante explosion a eu lieu ce samedi 26 avril vers midi près d’un quai du port Shahid Rajaï, situé à plus d’un millier de kilomètres au sud de Téhéran, non loin de la grande ville de Bandar Abbas.
Au moins 40 personnes sont mortes et plus d’un millier ont été blessées dans cet incident survenu dans le plus grand port de commerce iranien.
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• Un bilan qui continue de s’alourdir
Rapidement après les faits, le bilan humain a commencé à grimper. « Malheureusement, 28 personnes sont décédées », a déclaré dans une vidéo publiée sur le site du gouvernement le directeur du Croissant-Rouge iranien, Pirhossein Koulivand, avant que la télévision d’État ne fasse état de 40 personnes tuées dimanche en fin d’après-midi.
On recense aussi plus d’un millier de blessés. Un appel aux dons de sang a été lancé pour leur porter secours.
Preuve de l’ampleur du choc, la déflagration a été entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde. L’agence officielle Irna a publié des photos montrant un afflux de secouristes après la catastrophe et une voiture couverte de taches de sang encastrée dans un poids lourd.
« L’onde de choc a été si forte que la plupart des bâtiments du port ont été gravement endommagés », a indiqué l’agence de presse Tasnim.
Outre les dégâts matériels importants, des images prises d’un hélicoptère témoignent d’une épaisse fumée noire dans le ciel, semblant indiquer plusieurs départs de feu.
• Un incendie pas éteint, la Russie envoie des avions
« L’incendie est sous contrôle mais n’est toujours pas éteint », a indiqué dimanche un correspondant de la télévision d’État présent sur les lieux. Seuls les médias iraniens ont été autorisés à prendre des photos et vidéos dans le secteur.
Des avions bombardiers d’eau et des hélicoptères sont mobilisés pour lutter contre les flammes, plus de 24H après l’explosion. Au sol, les pompiers ont déployé d’immenses lances à incendie.
« Le président russe Vladimir Poutine a ordonné l’envoi immédiat de plusieurs avions transportant des spécialistes » du ministère des Situations d’urgence, pour aider à lutter contre le feu, a annoncé l’ambassade de Russie en Iran.
Les autorités ont ordonné la fermeture dimanche, jour pourtant ouvré en Iran, des bureaux et établissements scolaires à Bandar Abbas, ville d’environ 650.000 habitants. Et ce, alors que la fumée continue à se propager dans les environs, selon un responsable des secours, Mehrdad Hassanzadeh.
Le ministère de la Santé a appelé les habitants à rester chez eux « jusqu’à nouvel ordre » et à porter des masques s’ils doivent impérativement sortir.
• L’origine de l’explosion encore floue
Dans un premier temps, Mehrdad Hassanzadeh a déclaré à la télévision d’État que « l’incident est dû à l’explosion de plusieurs conteneurs stockés dans la zone du quai du port ». Mais le sinistre est probablement dû plutôt à un incendie dans un dépôt de stockage de matières dangereuses et chimiques, selon un communiqué des Douanes locales.
Le ministère de la Défense a affirmé qu' »il n’y avait et il n’y a à l’heure actuelle aucune cargaison (…) pour le carburant militaire ou pour un usage militaire dans la zone de l’incendie ».
Le New York Times, citant une source anonyme proche des Gardiens de la Révolution (l’armée idéologique de la République islamique d’Iran), avait auparavant affirmé que l’explosion avait été provoquée par du perchlorate de sodium, une substance entrant dans la composition de carburants solides pour missiles.
L’explosion a coïncidé avec la tenue à Oman de pourparlers cruciaux sur le programme nucléaire de Téhéran entre l’Iran et les États-Unis, ennemis depuis quatre décennies. La thèse d’un sabotage n’a pour autant pas été évoquée par les autorités iraniennes pour l’explosion de samedi.
Israël, qui soupçonne l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire comme d’autres pays occidentaux, se livre depuis des années à une guerre de l’ombre contre cet ennemi juré. Selon le quotidien américain Washington Post, l’État hébreu avait lancé en 2020 une cyberattaque contre le port de Shahid Rajaï.
• Le président iranien s’est rendu dans ce port majeur du pays
Le président iranien Massoud Pezeshkian, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête pour établir les causes de la catastrophe, est arrivé dimanche après-midi au port, selon des images diffusées en direct par la télévision publique. La veille, il avait adressé sa « sympathie » aux victimes dans un message posté sur X.
Shahid Rajaï est le principal port commercial de l’Iran: 85% des marchandises qui transitent dans le pays et un cinquième de la production mondiale de pétrole passent par ce lieu stratégique sur le détroit d’Ormuz.
Les autorités ont décrété trois jours de deuil à compter de dimanche dans la province d’Hormozgan, dont Bandar Abbas est le chef-lieu. La ville abrite d’ailleurs la principale base de la marine iranienne.
Les opérations de dédouanement et de chargement des conteneurs ont repris, a déclaré dimanche à la télévision le ministre de l’Intérieur, Eskandar Momeni, également dépêché sur les lieux.
L’ONU et de nombreux pays, dont l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Inde, la Turquie et la Russie, ont présenté leurs condoléances à l’Iran.
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