La droite et l’extrême droite, médiatique et politique, sont vent debout contre l’idée du chef de l’État visant à lutter contre la désinformation. L’exécutif assure qu’il ne s’agit pas d’un contrôle étatique mais d’une « labellisation » gérée par des professionnels. Les LR ont lancé une pétition pour s’y opposer.
C’est une idée qui fait vivement réagir à droite et à l’extrême droite. Emmanuel Macron a prôné la création d’un « label » porté « par des professionnels » afin de lutter contre la désinformation dans les médias.
Le chef de l’État avait évoqué cette piste à plusieurs reprises. Il y a deux semaines par exemple, à Arras, il a parlé d’un « label », porté « par des professionnels » des médias, pour « distinguer les réseaux et les sites qui font de l’argent avec de la pub personnalisée et les réseaux et les sites d’information ».
En réaction, les Républicains ont décidé ce lundi 1er décembre de lancer une pétition intitulée « oui à la liberté, non à la labellisation ». « Une fois encore, et sous couvert de lutter contre les fake news, c’est à la liberté d’information et d’expression qu’on s’en prend », peut-on ainsi y lire. « Cette dérive est aussi scandaleuse que dangereuse », écrit le parti de droite.
De son côté, sur RMC-BFMTV ce mardi, Marine Le Pen a également jugé l’idée « extrêmement dangereuse », voyant une volonté « de maîtriser l’information ». Elle a considéré que l’Arcom ne devrait pas surveiller les télévisions privées qui ont « le droit de ne pas être neutres ».
Pourtant, Emmanuel Macron a martelé en Conseil des ministres qu’il n’avait « jamais » envisagé de créer un « label d’État » pour les médias, a assuré la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon dans la foulée.
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« Pravda » et « ministère de la Vérité »
Dès ce week-end, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré se sont emparés du débat, dénonçant une « dérive totalitaire » et faisant référence au « ministère de la Vérité » du roman dystopique 1984 de George Orwell.
« La tentation d’Emmanuel Macron de toucher à la liberté d’expression est une tentation autoritaire, qui correspond à la solitude d’un homme (…) qui a perdu le pouvoir et cherche à le maintenir par le contrôle de l’information », a protesté sur cette même chaîne le président du RN Jordan Bardella.
Face à ces critiques, l’Élysée s’est fendu ce lundi soir d’un message sur X pour déplorer que « parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation ». Dans une courte vidéo, ces critiques sont mentionnées, accompagnées d’une vidéo d’une prise de parole d’Emmanuel Macron, dans laquelle il rappelle qu’il ne s’agit pas d’une vérification étatique. « Si c’est l’État qui doit vérifier, là ça devient une dictature. Mais il faut faire que les journalistes garantissent à leurs lecteurs que, eux ont vérifié avec une déontologie, dont ils sont les garants entre eux », détaille-t-il dans cet extrait.
La vidéo de l’Élysée fait bondir
Une publication sur les réseaux sociaux qui a remis une pièce dans la machine. « Que le compte officiel de l’Élysée s’attaque à un média privé en dit long sur la dérive de la présidence macroniste, et sur le détournement des institutions. Voilà pourquoi la « labellisation des médias » est une idée dangereuse combattue par tous les démocrates cohérents », a dénoncé Jordan Bardella.
Le maire de Cannes, David Lisnard, visé dans la vidéo de l’Élysée, a estimé que « si la présidence de la République voulait se caricaturer en ministère de la vérité, elle ne s’y prendrait pas autrement ». « Rassurez-moi: ce tweet de l’Elysée a bien été labellisé? », a écrit Bruno Retailleau, avant de lancer sa pétition.
De son côté, Éric Ciotti a dénoncé un « scandale d’État ». « L’Élysée s’attaque ouvertement aux médias privés du groupe Bolloré. La dérive illibérale est absolue. Labelliser un média, c’est embrasser les pratiques de régimes autoritaires étrangers à la liberté française », a-t-il déclaré sur X. Le président de l’UDR a d’ailleurs lui aussi lancé sa pétition contre la labellisation de l’information par Macron ».
Comme le rappelle l’AFP, l’idée de « label » des médias vient des États généraux de l’information, dont le comité de pilotage avait recommandé en 2024 aux « professionnels de l’information » de s’engager dans une telle démarche pour « renforcer la confiance » du public.
Emmanuel Macron a d’ailleurs souligné que ce n’était pas au gouvernement de dire « ceci est une information, ceci n’en est pas », et a plutôt invoqué une initiative de labellisation lancée par l’ONG Reporters sans frontières avec la Journalism Trust Initiative.


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