Amir Boukhros, influenceur algérien hostile au régime d’Alger, s’est exprimé sur la tentative d’enlèvement dont il dit avoir été victime sur le sol français. Trois hommes soupçonnés d’être impliqués ont été mis en examen vendredi 11 avril.
Une affaire qui pourrait raviver les tensions entre Paris et Alger. Amir Boukhors, influenceur algérien opposant au régime algérien, s’est exprimé samedi 12 avril sur France 2 sur la tentative d’enlèvement dont il dit avoir été victime.
Une affaire dans laquelle trois hommes, dont l’un travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi 11 avril, pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) français.
L’influenceur de 41 ans, connu sous le nom d’Amir DZ sur les réseaux sociaux où il se présente comme « journaliste d’investigation » raconte avoir été victime d’un kidnapping sur le sol français l’année dernière.
L’homme raconte qu’il est 23h30 le 29 avril 2024 lorsqu’une voiture l’attend devant chez lui, au sud de Paris. « Je vois un gyrophare et quatre personnes qui descendent de la voiture avec un brassard de police. (…) Ils m’ont mis les menottes et dit qu’un officier de la police judiciaire m’attendait », affirme Amir Boukhors.
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27 heures de séquestration
D’après lui, il s’agit de faux policiers. Emmené de force dans un conteneur isolé, en Seine-et-Marne, il dit avoir été relâché 27 heures plus tard, après avoir été drogué avec des médicaments.
Dans sa plainte, consultée par l’AFP, Amir DZ avait raconté aux policiers que ses ravisseurs avaient « fait les surpris » en découvrant son identité, pensant plutôt « qu’il avait détourné un camion de drogue », puis l’avaient libéré.
« Vers 3 heures du matin, ils m’ont dit qu’ils allaient me libérer dans un lieu, d’aller tout droit, de prendre le train et de rentrer chez moi », relate l’influenceur.
Amir DZ est persuadé que ses ravisseurs sont en réalité les services secrets algériens, venus l’intimider. Installé en France depuis 2016, l’Algérie réclamait le retour de l’influenceur au million d’abonnés sur TikTok, hostile au régime en place à Alger, pour le juger. Il a obtenu l’asile politique en 2023.
Trois hommes mis en examen
Après avoir fait l’objet d’une enquête ouverte au parquet de Créteil, les investigations ont été reprises par le Pnat en février dernier.
Près d’un an après les faits, trois hommes soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement ont donc été mis en examen et placés en détention vendredi. L’un travaille dans un consulat d’Algérie en France.
Samedi 12 avril au soir, Alger a « vivement protesté » contre la détention en France de son agent consulaire, sur « la forme » et sur « le fond » de l’affaire.
Une « cabale judiciaire inadmissible »
L’Algérie rappelle que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique » et dénonce « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, fustigeant une « cabale judiciaire inadmissible » reposant « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile d’Amir Boukhors.
« Ce tournant judiciaire de l’enquête avec l’arrestation d’agents liés au régime algérien et leur présentation à un juge révèle aussi que les faits du 29 avril 2024 sont une affaire d’État », estime l’avocat d’Amir Boukhors, maître Plouvier.
Particulièrement actif sur le dossier des relations franco-algériennes, Bruno Retailleau a réagi samedi après-midi. Le ministre de l’Intérieur évoque une situation « grave, tellement grave que c’est le parquet national antiterroriste qui dirige l’enquête », allant jusqu’à évoquer, un potentiel acte « d’ingérence étrangère ». Une semaine seulement après la visite en Algérie du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, pour tenter d’apaiser les tensions entre les deux pays.
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