Soumission chimique: la « fiabilité » des kits pour particuliers questionnée par

Carine Wolf-Thal, la présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, a appelé les pharmaciens à la « vigilance » vis-à-vis des kits de dépistage de la soumission chimique à destination des particuliers. Leur fiabilité est incertaine.

L’Ordre national des pharmaciens a émis ce mercredi 29 janvier « des réserves » au sujet des kits de détection de substances chimiques dans les boissons, vendus dans certaines officines, et a appelé les pharmaciens « à la vigilance ».

« Ce qui interroge quand même, c’est que ces tests n’ont, à ma connaissance, pas de marquage CE », gage du respect des exigences réglementaires pour que ce produit puisse être commercialisé en Europe, a indiqué Carine Wolf-Thal, la présidente du conseil national de l’ordre des pharmaciens.

Généralement proposés dans les milieux de la nuit et les festivals, ces tests – la détection se fait grâce à un petit bâtonnet que l’on trempe dans la boisson – sont parfois vendus dans « certaines officines » mais n’ont pas « fait leurs preuves de sécurité et de fiabilité » à ce stade, a-t-elle ajouté à l’occasion d’un point presse.

« Le risque c’est que ce soit faussement rassurant », même si « on ne peut pas complètement balayer d’un revers de main l’idée de tester une boisson », selon elle.

Les pharmacies, un « refuge » des victimes de violences

En outre, ce genre de tests, fabriqués aux États-Unis et au Royaume-Uni notamment, ne figurent pas non plus pour l’heure dans la liste des marchandises autorisées qu’un pharmacien peut vendre en officine.

« La question, c’est ‘est-ce que cela doit entrer dans la liste ou pas?' », interroge Carine Wolf-Thal. En attendant, « attention au choix de référencement de ce test », a-t-elle dit.

La soumission chimique consiste en l’administration de substances psychoactives à un individu, souvent une femme, à son insu, à des fins notamment d’agression et de viol.

L’ordre des pharmaciens rappelle que pendant la crise sanitaire liée au Covid, les pharmacies ont servi « de refuge, de lieu d’alerte » aux victimes de violences sexuelles et sexistes.

Le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) apporte aussi des « éléments pour aider les pharmaciens » à réagir face à ces situations.

Un autre dispositif à l’étude

Le gouvernement avait relancé en octobre une mission sur le sujet de la soumission chimique confiée à la sénatrice RDSE Véronique Guillotin et à la députée MoDem Sandrine Josso.

Celle-ci avait notamment recommandé que les pharmacies puissent délivrer, sur prescription médicale, aux femmes qui pensent avoir été droguées, un « kit de détection » ou « kit du lendemain » avec des « flacons pour recueillir l’urine », les adresses utiles et « toute la marche à suivre » pour accéder à la preuve.

« Rien n’a été encore décidé » sur l’analyse de substances chimiques à partir d’un prélèvement sanguin ou urinaire, a indiqué Carine Wolf-Thal, mais cela va « faire partie d’un très prochain rendez-vous ».

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Budget: après les propos de Bayrou sur « la submersion » migratoire,

La ligne de discussion entre les socialistes et le gouvernement est rompue depuis hier. Manifestement soucieux de pouvoir soutenir le budget de l’État qui doit être voté à l’Assemblée lundi, le PS tend des perches à François Bayrou. Il cherche à « faire monter les enchères », analyse l’un de ses proches à Matignon.

Plus de son, plus d’image. Depuis lundi soir et les propos du Premier ministre François Bayrou qui a évoqué « un sentiment de submersion » migratoire, les socialistes sont rouges de colère.

Après avoir signé et persisté le lendemain devant les députés, les élus du groupe de Boris Vallaud ont annoncé dans la foulée l’annulation d’un rendez-vous avec le gouvernement, à quelques jours du vote du budget dans l’hémicycle. Une très mauvaise nouvelle pour François Bayrou qui a besoin d’eux pour parvenir à le faire adopter.

« Il n’y a pas de discussions depuis hier soir. Notre préalable est que les échanges se font sans le RN. Et là, on sent une volonté de draguer les députés de Marine Le Pen », résume un collaborateur socialiste auprès de BFMTV.com.

Depuis des semaines, François Bayrou tente pourtant d’amener dans son sillon les troupes d’Olivier Faure, le premier secrétaire du PS avec, à la manœuvre, Éric Lombard, le ministre de l’Économie. Jusqu’ici, ses calculs ont très bien fonctionné. Si aucun député socialiste n’a fait son entrée au gouvernement, le parti à la rose a décidé de ne pas soutenir la motion de censure débattue mi-janvier qui aurait pu faire tomber le Premier ministre.

En échange, le centriste y a mis du sien et lâché du lest sur plusieurs points clefs, de la fin de la suppression des 4.000 postes d’enseignants dans le budget 2025 en passant par une conférence sociale sur les retraites et la suppression de nouveaux jours de carence pour les fonctionnaires.

« Trop grave pour qu’on laisse passer »

De quoi s’assurer d’un vote des socialistes pour le budget de l’État et de la sécurité sociale et de s’éviter au passage d’être renversé.

« Bayrou a fait un pas vers nous, on a fait un pas vers lui. C’était une vraie négociation. Mais là, ce qu’il a dit est trop grave pour qu’on laisse passer. On ne peut pas transiger avec nos valeurs », regrette un député PS.

Concrètement, les socialistes devraient voter contre un projet d’accord sur le budget entre le Sénat et l’Assemblée ce jeudi au sein d’un conclave qui réunit des députés et des sénateurs.

Ce geste sera cependant symbolique. Au sein de la commission mixte paritaire, le nom de cet espace de discussion, la gauche compte 4 élus et le RN 2 pour un total de 14 parlementaires. Les échanges devraient donc être conclusifs et permettre un vote dans l’hémicycle lundi.

« Il faut que Bayrou nous aide à l’aider »

Si les socialistes votaient contre le budget ce jour-là, « la piste la plus probable » aujourd’hui d’après l’un d’entre eux, François Bayrou dégainerait probablement le 49.3 qui permet d’adopter un texte sans vote. Cela déclencherait ensuite une motion de censure qui pourrait faire tomber le Premier ministre si la gauche et le RN la soutenaient.

« Personne ne sait ce qui va se passer la semaine prochaine, on peut très bien ne plus être là dans 8 jours. François Bayrou peut tomber comme Michel Barnier », reconnaît un conseiller ministériel.

« On a tous envie d’avoir un budget. Mais il faut que François Bayrou nous aide à l’aider », résume de son côté un sénateur socialiste.

Des demandes hors des radars de Bayrou

Pour ce faire, le parti à la rose a déjà fait la liste des propositions qui pourraient renverser la vapeur. Premier point pour faire repartir les discussions: « retirer les mots qui ont blessé inutilement », a avancé le député PS Philippe Brun ce mercredi matin sur Sud radio.

Si le Premier ministre aurait pu être à nouveau interpellé aux questions d’actualité au gouvernement sur le sujet à l’Assemblée et au Sénat, il ne sera finalement pas présent, pour assister aux obsèques du journaliste Jean-François Kahn.

Seconde demande: « une augmentation du smic immédiat », jusqu’ici toujours rejetée par le camp présidentiel. Dernière requête formulée par la maire PS de Nantes Johanna Rolland sur Public Sénat ce mercredi: que François Bayrou dise « qu’il ne va pas toucher à l’aide médicale d’État », ce dispositif qui permet aux personnes sans-papier de se faire soigner gratuitement en France.

« Faire monter les enchères »

Le Sénat a largement restreint l’AME en décembre et coupé dans son financement lors du vote du budget de la sécurité sociale. Mais François Bayrou n’a pour l’instant jamais abordé aucun de ces sujets, rendant difficile l’ouverture d’avancées en la matière.

« On est dans un réflexe de négociations qui existe souvent: faire monter les enchères », avance de son côté un proche de François Bayrou qui renvoie la balle aux socialistes.

« On ne peut pas depuis Matignon intervenir dans les négociations internes au PS », juge encore l’entourage du Premier ministre tout en assurant « que la porte des discussions est toujours ouverte ».

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas, a, elle, été plus directe. « Nous ne souhaitons aucune prise d’otage sur le budget », a jugé cette proche de Gérard Larcher à la sortie du Conseil des ministres, appelant chacun à « avoir le sens des responsabilités ».

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« Qu’est-ce que j’aurais pu faire? »: agressés au couteau en sortant

En juin 2024, deux frères âgés de 16 et 17 ans ont été agressés au couteau et violemment frappés en sortant du RER à Palaiseau puis dépouillés. Les agresseurs ont bien été identifiés, mais n’ont à ce jour pas été condamnés.

Le 2 juin dernier, alors qu’ils rentraient chez eux, Mathis et Arthus âgés respectivement de 17 et 16 ans, ont été agressés au couteau et violemment frappés par trois adolescents à la sortie du RER à Palaiseau.

« On sort du wagon et très rapidement, ils se mettent derrière nous. Un devant et deux derrière », raconte l’un des frères à BFMTV. Les deux adolescents sont frappés à plusieurs reprises. Mathis, l’aîné, a le nez brisé et Arthus, l’arcade et la paupière ouvertes.

Un des agresseurs pointe alors un couteau en direction de Mathis. « Je baisse la tête et c’était un vrai un couteau », se souvient le jeune homme. Les deux frères n’ont pas le choix et décident de donner leurs affaires à leurs agresseurs: téléphone portable, montre, bijoux, etc. « Je me dis ‘mais qu’est-ce que j’aurai pu faire pour que ça ne se passe comme ça?' », se questionne à son tour Arthus.

Les deux frères obtiendront respectivement huit et dix jours d’incapacité totale de travail. Trois jours après l’agression, Mathis, en classe de terminale, passait son baccalauréat.

L’affaire « toujours au même niveau »

Quelques jours après, les trois agresseurs sont identifiés. Âgés de 15 et 16 ans, ils sont déjà connus des services de police. D’après l’entourage des victimes, ils ont reconnu les faits en garde à vue.

Dès le vendredi suivant, ils ont été déférés devant un juge, puis convoqués en septembre pour la première audience sur la culpabilité. L’audience fixant leur peine, qui aurait dû intervenir au plus tard six mois après, n’a toujours pas fixée à ce jour.

L’audience au civil pour fixer d’éventuelles indemnités pour les victimes aura, elle, lieu le 13 février prochain après un premier report. En attendant, leurs agresseurs n’ont toujours pas été condamnés. Une situation qui décourage la mère des deux victimes.

« On voit qu’il y a beaucoup d’énergie qui a été déployée, mais finalement pour pas grand-chose puisque l’affaire en est toujours au même niveau », déplore Élodie, la mère de Mathis et Arthus.

« Aujourd’hui, je me sens chanceuse quand je vois ce qui se passe, je prends conscience qu’en fait ce jour-là j’ai eu de la chance », estime-t-elle.

L’agression de Mathis et Arthus fait écho à la mort d’Elias, cet adolescent de 14 ans poignardé à Paris après une tentative de vol de son portable, le 24 janvier. Les deux suspects ont été mis en examen et placés en détention provisoire ce lundi pour « extorsion avec violences ayant entraîné la mort et violences volontaires sur mineur de quinze ans sans incapacité ».

Alexandra Gonzalez, Pierre Barbin, Julien Apaloo avec Orlane Edouard

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