Le documentaire d’Alain Berliner et Elora Thevenet explore la vie – les vies – de l’ex-icône du cinéma, devenue une passionaria de la cause animale.
« Je me fous qu’on se souvienne de moi, mais ce dont je voudrais qu’on se souvienne, c’est du respect qu’on doit aux animaux ». La voix sépulcrale de Brigitte Bardot résonne en préambule du documentaire Bardot, d’Alain Berliner et Elora Thevenet, en salles mercredi 3 octobre. Un documentaire en forme de testament dans lequel l’actrice a accepté de se dévoiler un peu.
« C’est un peu Brigitte comme on ne l’a jamais entendue », souligne Elora Thévenet au micro de BFMTV.
Une véritable plongée dans la vie de Brigitte Bardot, dont on découvre des images enfant, à travers des archives inédites de la famille Bardot.
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Bardot, première star médiatique en France
Ou comment Brigitte Bardot, véritable vilain petit canard de la famille – elle portait des lunettes, un appareil dentaire et elle était mauvaise élève – va devenir un sex-symbole, une égérie, l’emblème d’une certaine liberté dans le monde entier.
« Très très tenue jusqu’à l’âge de 15 ans », dans le carcan d’une éducation très bourgeoise, la jeune Brigitte Bardot se consacre d’abord à la danse. Mais très vite, c’est le cinéma qui va la happer, et sa vie bascule lorsqu’elle rencontre Roger Vadim.
L’affiche du documentaire « Bardot », en salles le 3 décembre 2025. © Pathé
« Quand j’ai épousé Vadim, on n’avait pas un rond ni l’un ni l’autre », raconte Bardot. La jeune actrice cachetonne dans de petits films. Et puis elle tourne, devant la caméra de Vadim Et dieu créa la femme. et devient du jour au lendemain une icône à la renommée internationale. Et plonge alors dans une vie assez terrifiante, celle de la première star médiatique en France.
« Ça a été le début de la fin de ma vie. J’ai été prisonnière de moi-même. Je ne savais pas la révolution que j’allais amener, ce n’était pas marqué dans le scénario », raconte-elle aujourd’hui.
Symbole de liberté, incarnation d’un certain féminisme, « Bardot a accompli des choses qui ont considérablement fait avancer les droits des femmes: la façon de montrer son corps, de porter ses vêtements, de parler de ses avortements, d’assumer ses relations amoureuses », souligne Elora Thevenet.
« Ma vie ressemble à une grande prison »
Et paradoxalement, cette liberté qu’elle incarne, Brigitte Bardot n’en profite pas.
« Ma vie ressemble à une grande prison. Agréable, mais à une prison quand même », livre une B.B. toute jeune et en noir et blanc. « Je suis obligée de vivre avec les rideaux tirés, parce qu’il y a des téléobjectifs sur le toit d’en face ».
Bardot suscite un intérêt sans précédent de la part du public. Le documentaire montre des images d’archives, de la jeune actrice Brigitte Bardot évoluant dans un océan de photographes, brassée, secouée, protégée par des gendarmes.
Le point culminant est sa grossesse. Enceinte de son fils Nicolas, la star doit rester terrée chez elle pour échapper aux photographes qui campent en bas de son immeuble, à l’affût. « Ça a été d’une inhumanité, les gens se sont conduits envers moi d’une façon vraiment barbare. Je n’ai même pas pu accoucher dans une clinique, il fallu qu’on le fasse chez moi », raconte Bardot.
Brigitte Bardot, Jacques Charrier et leur fils Nicolas, le 13 janvier 1960 © AFP
Cet enfant, elle n’en voulait pas. « Elle n’est pas prête à être mère. Elle a déjà subi deux avortements, si brutaux qu’elle a dû être hospitalisée. Mais Brigitte est devenue une star internationale et aucun médecin ne prendrait le risque de l’avorter illégalement ».
« C’est une horreur d’imposer à une femme un enfant qu’elle ne veut pas. Si on ne veut pas le garder, on risque d’aller en prison, c’est épouvantable », confie aujourd’hui l’actrice.
Brigitte Bardot est alors mariée avec l’acteur Jacques Charrier. Ils forment un couple radieux et idéal. Mais l’envers du décor est beaucoup moins glamour. « Il voulait lui imposer de ne plus faire de cinéma et puis surtout, elle a reçu des coups, on n’en parle pas de ça », évoque Bernard d’Omale, l’actuel mari de Brigitte Bardot.
« La gloire c’est formidable et c’est invivable », raconte l’actrice. « J’en étais arrivée au point de supprimer ma vie parce que j’étais écœurée. Ecœurée. J’ai voulu mourir devant une bergerie à la campagne ». Brigitte Bardot fera huit ou neuf tentatives de suicide dans sa vie. « Chaque tentative était sérieuse », évoque Barnett Singer, auteur de Brigitte Bardot: a biography.
Sororité rassurante
Autre aspect méconnu de la vie et de la carrière de Brigitte Bardot: l’affection qu’elle portait à un petit cercle d’amies, une sororité rassurante pour l’actrice, privée de l’amour de sa mère, si dure à son égard. Son agente, Olga Horstig, sa doublure, sa maquilleuse et la productrice Christine Gouze-Rénal, à qui elle rend ici hommage.
« Il y avait ‘mama Olga’, il y avait Danny, ma doublure, Odette, ma maquilleuse. Odette elle était formidable, qu’est-ce que je l’ai aimée ».
Plus tard, alors qu’elle découvre Saint-Tropez, qui est à l’époque un havre de paix, bien loin de ce qu’est devenu le petit port de pêcheurs, elle est de nouveau traquée par les photographes.
« J’étais entourée de photographes, c’était insupportable. J’ai été traquée. J’ai été bafouée, j’ai été méprisée, très souvent trahie », raconte Bardot, qui raconte sa dérive misanthrope et conclut « maintenant je ne veux plus voir personne ». « Plus ça va dans ma vie et plus j’ai peur de l’être humain. Je suis plus animale qu’humaine ».
Image de Brigitte Bardot, extraite du documentaire « Bardot », en salle le 3 décembre 2025 © Pathé
Dès 1962, elle se mobilise ainsi pour la cause animale, contre l’abattage des animaux, et devient la première personnalité d’envergure à s’engager pour cette cause.
« Je suis née libre et je mourrai libre. Je ne regrette rien », sont les derniers mots de ce documentaire qui réhabilite la star, dont l’engagement pour les animaux a parfois flirté avec l’aversion pour les humains, et lui a valu plusieurs condamnations pour incitation à la haine raciale.


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