Xi Jinping a fait de la modernisation de son armée une priorité absolue. En moins de trente ans, la Chine a multiplié par sept son budget militaire. Elle est passée d’une armée régionale obsolète à une armée puissante, peut-être la seule aujourd’hui capable de se comparer aux États-Unis, et en mesure d’opérer bien au-delà de ses frontières.
À la fin des années 1990, les dépenses militaires chinoises s’élevaient à environ 35 milliards de dollars. Aujourd’hui, le budget de la défense avoisine les 250 milliards de dollars: sept fois plus en moins de trente ans. Cela représente environ 12% des dépenses militaires mondiales. Pékin se place ainsi juste derrière Washington, mais loin devant la Russie, l’Inde ou le Japon.
L’armée chinoise compte près de 2 millions de militaires actifs, ce qui en fait la plus grande armée permanente au monde. Point important: la Chine a réduit au minimum ses dépendances extérieures. Chars, navires, missiles, avions de combat… tout ou presque est désormais conçu et assemblé dans des usines chinoises.
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Le porte-avions Fujian, symbole de la puissance maritime chinoise
La Chine s’est illustrée en particulier par le développement spectaculaire de sa force navale. L’APL Navy, la marine chinoise, est aujourd’hui la plus grande flotte de guerre au monde: environ 370 bâtiments de combat, contre 295 pour l’US Navy. Son point fort réside notamment dans ses trois porte-avions, comme une revanche sur l’Histoire. En 1998, les états-majors occidentaux ironisaient lorsque la Chine rachetait à la Russie une vieille coque ukrainienne, future base de son premier porte-avions, le « Liaoning ». À l’époque, Pékin évoquait un projet de casino flottant. En réalité, il s’agissait de tester sa capacité à construire et à opérer un porte-avions.
Les observateurs estimaient alors qu’il faudrait plusieurs décennies à la Chine pour rattraper les marines occidentales. Mais vingt ans plus tard, Pékin a mis à l’eau le « Fujian », son premier porte-avions entièrement conçu et construit sur son sol, équipé de catapultes électromagnétiques, une technologie que seuls les États-Unis maîtrisent aujourd’hui.
Là où la Chine était autrefois une puissance nucléaire essentiellement « continentale », elle devient aussi une puissance nucléaire océanique. Elle s’est dotée de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, l’équivalent en France du « Triomphant ». Ces sous-marins sont armés de missiles JL-3, capables de frapper à l’échelle continentale. Autrement dit, même en restant à proximité de ses côtes, la Chine peut désormais viser de grandes villes américaines ou européennes, verrouillant ainsi sa dissuasion nucléaire.
Un défilé militaire qui a stupéfié le monde
En septembre dernier, le défilé militaire à Pékin a impressionné les états-majors du monde entier. Parmi les systèmes mis en avant figuraient le missile hypersonique DF-17, capable de manœuvrer à Mach 5, ou encore un missile intercontinental d’une portée de 12.000 kilomètres, susceptible d’emporter jusqu’à dix ogives nucléaires.
Sur le plan institutionnel, l’armée chinoise a toujours obéi au Parti. Mais depuis 2016, Xi Jinping n’est plus seulement le chef politique de l’armée: il en est aussi le commandant opérationnel. Il préside un centre de commandement interarmées qui dirige directement les cinq grands théâtres d’opérations. Parmi eux, Taïwan est bien sûr au cœur du théâtre Est, devenu clairement prioritaire.
2027, l’année où Pékin pourrait passer à l’action
Xi Jinping a également mis en place un vaste programme de satellites espions: la constellation Yaogan. Officiellement, il s’agit de satellites dédiés à l’observation scientifique. En réalité, des experts les identifient comme des satellites militaires, chargés de surveiller depuis l’espace les moindres mouvements dans la zone indo-pacifique, et en particulier autour de Taïwan. Ces derniers exercices, baptisés « Bouclier de la Justice », ne sont pas isolés. Les données compilées par plusieurs think tanks américains montrent une explosion des incursions chinoises autour de Taïwan: on est passé de quelques dizaines par an en 2019 à plusieurs milliers d’entrées dans la zone de défense aérienne taïwanaise en 2024.
Les états-majors du monde entier retiennent 2027 comme une date potentielle de conflit ouvert entre l’armée chinoise et Taïwan. Les signaux se multiplient. Xi Jinping évoque régulièrement, notamment lors de ses vœux du Nouvel An, une « réunification historique inévitable ». Et 2027 marque le centenaire de l’Armée populaire de libération. Autre signal fort: la priorité donnée aux troupes amphibies et aéroportées, précisément celles qui seraient décisives dans une opération militaire contre Taïwan.


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