Réquisitionnés en raison d’un manque d’effectifs et de la montée des épidémies saisonnières, 17 médecins des Bouches-du-Rhône ont vu leur programme des fêtes de fin d’année totalement chamboulé. Une situation « surprenante » qui a provoqué la colère des professionnels de santé.
De l’incompréhension, de la frustration, mais aussi de la colère. À Martigues, La Ciotat et Aubagne, des médecins voient leur emploi du temps des fêtes de fin d’année, totalement bouleversé par une décision préfectorale.
Face aux épidémies hivernales et à la période de congés de nombreux soignants, la préfecture des Bouches-du-Rhône a réquisitionné 17 professionnels pour la période comprise entre le 25 décembre et le 4 janvier. Une décision prise il y a seulement cinq jours, le vendredi 19 décembre.
« C’est assez surprenant », explique le docteur Jérémie Chaumoitre, responsable du centre médical de La Ciotat, au micro de BFMTV ce jeudi 25 décembre. « Mes médecins ont vu arriver, sur plusieurs jours, des gendarmes qui ont frappé à la porte du cabinet, en pleine consultation, pour leur signifier leur réquisition. »
« L’ordre est arrivé très tardivement… Les médecins ont l’obligation d’assurer leur réquisition. Ils doivent donc modifier leur planning au dernier moment et adapter leur période festive », souffle-t-il.
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Un important manque d’effectif
Les arrêtés préfectoraux, diffusés le 19 décembre, expliquent cette décision par « la persistance d’un tableau de garde insuffisant pour assurer la permanence des soins », ce qui « constitue un risque grave pour la santé publique, résultant de l’absence de réponse prolongée aux demandes de soins de premier recours ».
Une situation pourtant loin d’être nouvelle, selon Jérémie Chaumoitre. « L’ARS (Agence régionale de santé) savait depuis plusieurs semaines qu’il existait une problématique de permanence des soins, avec un tableau qui n’était pas totalement pourvu », explique-t-il. « Le délai d’injonction des différentes réquisitions paraît assez court ».
Des médecins réquisitionnés à Noël
L’épidémie de grippe monte en puissance
Contactée par l’AFP, l’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur a expliqué avoir choisi des médecins « non exemptés n’ayant pris aucune ligne de garde sur l’année à venir ».
Elle a rappelé que « le département des Bouches-du-Rhône est l’unique département de la France métropolitaine dont les carences de permanence de soins ambulatoires (PDSA) sont supérieures à 50% ».
Outre « la conjonction de plusieurs facteurs avec la reprise des épidémies virales de type grippe et bronchiolite, conjuguée à la période des congés qui implique la fermeture de certains cabinets médicaux », la région connaît en fin d’année « un afflux touristique », souligne également l’ARS.
« L’année dernière, nous avons connu une épidémie de grippe très compliquée et il n’y a pas eu réquisition. Je ne pense pas que la situation soit plus compliquée aujourd’hui », estime, de son côté, Jérémie Chaumoitre.
Depuis plusieurs semaines, la grippe a gagné toute la métropole. Évaluée à un niveau « modéré », ce mercredi 24 décembre par l’agence de santé publique, l’épidémie gagne en puissance et devrait atteindre son pic en janvier. Lors de la saison 2024-2025, la maladie saisonnière avait fait 17.000 morts.
L’affaire portée en justice
Appelés en priorité pour n’avoir pris « aucune ligne de garde sur l’année à venir », les médecins dénoncent également un manque communication entre les différentes entités.
« Aujourd’hui, ils sont réquisitionnés parce qu’ils n’ont jamais assuré de permanence des soins, mais ils n’en ont pas effectué car le responsable du tableau ne leur a jamais rien demandé! », peste le responsable du centre médical.
Contraints de répondre à l’appel des autorités pour éviter d’éventuelles poursuites judiciaires et assurer la continuité des soins, les médecins ont décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif en janvier.


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