Le premier ministre, François Bayrou, lors de la présentation des orientations retenues pour enrayer le déficit public pour le budget de 2026, à Paris, le 15 juillet 2025. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »
Le gouvernement a adressé aux partenaires sociaux la « lettre de cadrage » sur l’assurance-chômage, feuille de route fixant le cadre de la négociation d’une nouvelle réforme, avec l’objectif d’atteindre « 2 milliards à 2,5 milliards d’euros » d’économies par an de 2026 à 2029, selon le document, consulté samedi 9 août par l’Agence France-Presse (AFP).
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S’ils acceptent d’ouvrir une négociation sur l’assurance-chômage, patronat et syndicats sont invités à s’accorder d’ici au 15 novembre et à dégager entre « 2 milliards et 2,5 milliards d’euros » d’économies par an en moyenne au cours des quatre prochaines années, « avec une montée en charge progressive » pour atteindre « a minima 4 milliards d’euros d’économies en régime de croisière à partir de 2030 », selon ce document.
Plaidant qu’« il faut travailler plus », François Bayrou avait souhaité, le 15 juillet, que les partenaires sociaux ouvrent de telles négociations sur l’assurance-chômage pour participer à l’effort budgétaire. « La situation financière du régime de l’assurance-chômage et la nécessité de travailler plus nombreux rendent nécessaire une évolution des règles de l’assurance-chômage », écrit le premier ministre dans sa lettre aux partenaires sociaux accompagnant le document de travail.
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« Saccage inadmissible »
Afin de « favoriser le retour rapide à l’emploi », il est ajouté dans le document de cadrage qu’il faudra « modifier la durée minimale d’emploi et la période de référence nécessaire à l’ouverture d’un droit au chômage qui détermine la durée maximale d’indemnisation ». La France est « l’un des pays de l’Union européenne où les conditions d’indemnisation sont parmi les plus favorables et présente une durée maximale d’indemnisation plus élevée que la moyenne européenne », affirme le premier ministre.
Dans le même objectif d’accélérer le retour sur le marché du travail, il est précisé dans le document qu’il sera nécessaire de « renforcer les incitations » envers les personnes ayant conclu une rupture conventionnelle et d’« examiner l’opportunité d’adapter » les incitations de retour à l’emploi selon le niveau de rémunération et le montant de l’allocation. Le chef du gouvernement ajoute qu’il faudra en outre « intensifier l’effort réalisé pour le retour à l’emploi des seniors ».
« Budget 2026 : les travailleurs et les travailleuses ne se laisseront pas faire ! », a réagi dans un communiqué l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC) qui dénonce « une attaque en règle des droits des travailleurs et travailleuses » en plein milieu de l’été.
« C’est un saccage totalement inadmissible », a, par ailleurs, réagi le représentant de la CGT Denis Gravouil, auprès de l’AFP. Le syndicaliste a dénoncé « un plan d’économies violent » qui touchera « les plus précaires, en allongeant la durée de travail nécessaire pour prétendre à l’ouverture des droits au chômage », mais aussi « les personnes en CDI qui ont perdu leur emploi en raison de la réduction de la durée d’indemnisation annoncée ». « Nous allons tout faire pour faire capoter ce projet, si ce gouvernement se maintient », a prévenu le cadre syndical.
« Carnage total »
Les confédérations syndicales avaient déjà accueilli avec colère les pistes budgétaires du gouvernement et l’annonce de ces négociations, notamment le nouveau tour de vis sur l’assurance-chômage, qualifié de « carnage total pour les demandeurs d’emploi » par la numéro un de la CFDT, Marylise Léon.
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Avant une réunion intersyndicale le 1er septembre pour étudier les suites à donner aux annonces du premier ministre, FO a déjà appelé à la « mobilisation et à la grève » et déposé un préavis du 1er septembre au 30 novembre. Les organisations syndicales ont aussi lancé collectivement une pétition pour dire « non au budget Bayrou », signée par plus de 300 000 personnes, et une plateforme de « décodage » des mesures annoncées, qui sur l’assurance-chômage dénonce une « nouvelle baisse drastique » des droits.
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Reste donc à savoir si ces négociations aboutiront ou même si elles auront lieu. Faute de quoi le gouvernement reprendra la main et imposera ses règles.
Cette nouvelle réforme intervient alors que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril. En juin 2024, une réforme portée par l’ancien premier ministre Gabriel Attal, rejetée par les syndicats, prévoyait elle aussi de durcir les conditions d’accès et les règles d’indemnisation. Elle avait toutefois été suspendue en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le Monde avec AFP
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