Des habitants et des membres de la défense civile inspectent les dégâts après une explosion dans l’église Saint-Elie, à Damas, le 22 juin 2025. FIRAS MAKDESI/REUTERS
Un attentat-suicide a visé, dimanche 22 juin, l’église Saint-Elie, à Damas, a annoncé le ministère de l’intérieur syrien, affirmant qu’un membre de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) était à l’origine de l’attentat. « Un kamikaze affilié au groupe terroriste Daech [acronyme arabe de l’EI] est entré dans l’église Saint-Elie, a ouvert le feu et s’est fait exploser avec une ceinture explosive » a déclaré le ministère dans un communiqué.
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Selon le dernier bilan du ministère de la santé, l’attentat a fait 22 morts et 63 blessés. « Des ambulances évacuent les blessés et les victimes du site de l’explosion » à la suite de cet « attentat terroriste », a fait savoir l’agence de presse officielle SANA.
Des correspondants de l’Agence France-Presse sur place ont vu les secouristes évacuer des gens après cet attentat, qui a également endommagé l’église où des débris de bois et des icônes étaient éparpillés au sol, jonché de flaques de sang.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a également rapporté l’incident, affirme de son côté qu’« au moins trente citoyens chrétiens ont été tués ou blessés » lors de l’attaque. « L’église était bondée de fidèles au moment de l’attentat », ajoute l’ONG, basée au Royaume-Uni, selon laquelle l’explosion a provoqué un mouvement de panique.
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De « terribles actes de lâcheté », selon Washington
L’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a « condamn[é] avec la plus grande fermeté l’attaque terroriste contre l’église Saint-Elie » et « exprim[é] son indignation face à ce crime odieux » dans un communiqué. Il a appelé à une enquête approfondie par les autorités syriennes. « Ces terribles actes de lâcheté n’ont pas leur place dans la nouvelle société de tolérance et d’inclusion que les Syriens sont en train de tisser », a aussi dénoncé l’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.
La France a condamné dimanche soir « avec la plus grande fermeté l’attentat terroriste abject » qui a ciblé l’église de Damas. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères a rappelé en outre « son engagement en faveur d’une transition en Syrie qui permette aux Syriens et aux Syriennes, quelle que soit leur confession, de vivre en paix et en sécurité dans une Syrie libre, unie, plurielle, prospère, stable et souveraine ».
La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, a, elle, appelé la France à se tenir aux côtés des chrétiens d’Orient, regrettant qu’« une fois encore la barbarie islamiste [ait] frappé ».
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La diplomatie turque, proche des nouvelles autorités syriennes, a dénoncé une « attaque perfide » visant à « semer le chaos ».
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Pour le ministère des affaires étrangères syrien, « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays ».
De son côté, le patriarcat orthodoxe de Damas a, lui, exhorté les nouvelles autorités syriennes islamistes à « assumer l’entière responsabilité » de l’attaque.
Première attaque de ce genre depuis la chute de Bachar Al-Assad
Il s’agit de la première attaque de ce genre dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes ont renversé l’ex-président Bachar Al-Assad le 8 décembre, alors que la sécurité reste l’un des plus grands défis pour les nouvelles autorités.
« Ces actes terroristes n’arrêteront pas les efforts de l’Etat syrien pour parvenir à la paix civile », a déclaré le ministre de l’intérieur, Anas Khattab. Ce dernier avait déclaré récemment que le groupe EI avait opté pour « des attaques précises contre des cibles stratégiques » et annoncé que des tentatives d’attentat du groupe djihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et musulmane chiite avaient été déjouées.
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En mai, l’organisation djihadiste avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes. Ces dernières avaient alors dit avoir arrêté des membres d’une cellule de l’EI près de Damas, accusés de préparer des attaques, tandis qu’une autre opération à Alep, dans le Nord, s’était soldée par la mort d’un agent de sécurité et de trois membres de l’EI.
Le groupe Etat islamique avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d’un « califat » transfrontalier en 2014. Les forces kurdes syriennes soutenues par les Etats-Unis l’ont vaincu en 2019, mais les djihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.
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Le Monde avec AFP
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