Yvette Cooper, ministre de l’intérieur britannique, à Londres, le 11 juin 2025. JAIMI JOY/REUTERS
Le ministère de l’intérieur britannique a annoncé, dimanche 15 juin, le lancement d’une opération policière nationale visant à retrouver des membres de gangs pédocriminels responsables de l’exploitation sexuelle de jeunes filles dans plusieurs villes d’Angleterre entre la fin des années 1990 et le début des années 2010.
L’Agence britannique de lutte contre le crime (NCA) a été chargée de l’opération, qui se fera en collaboration avec les forces de police, précise le communiqué du ministère. Cette nouvelle opération permettra également la réouverture d’enquêtes qui avaient précédemment fait l’objet d’un classement sans suite. Cette annonce intervient après que le premier ministre, Keir Starmer, s’est dit favorable à une enquête nationale sur le sujet. Il avait jusque-là préféré des investigations locales.
Selon le ministère de l’intérieur, « davantage de survivants des atrocités commises par des gangs pédocriminels obtiendront justice » grâce à cette nouvelle opération, dont l’objectif principal est de traduire en justice des membres de ces réseaux.
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« Les jeunes filles vulnérables qui ont été exploitées de façon inimaginable (…) sont aujourd’hui des femmes courageuses qui réclament, à juste titre, justice », a déclaré la ministre de l’intérieur, Yvette Cooper, citée dans le communiqué. « Trop peu de gens les ont écoutées à l’époque. C’était une faute grave et impardonnable. Nous y mettons fin maintenant », a-t-elle poursuivi, ajoutant que « plus de 800 affaires (…) ont déjà été identifiées par les policiers après que je leur ai demandé de rouvrir des dossiers clos trop tôt ».
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Des gangs qui ont agi pendant des années
Pendant plusieurs décennies, dans plusieurs villes anglaises, des gangs d’hommes, majoritairement d’origine pakistanaise, s’en sont pris à des filles et des jeunes filles, pour la plupart blanches et issues de milieux défavorisés.
Ce scandale des grooming gangs est revenu dans l’actualité début janvier, quand le milliardaire Elon Musk a accusé le premier ministre, Keir Starmer, d’avoir laissé des « groupes de violeurs exploiter des jeunes filles sans avoir à faire face à la justice ».
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Le cas le plus retentissant est celui de Rotherham, ville où près de 1 500 mineures ont été droguées, violées et sexuellement exploitées par l’un de ces gangs pendant seize ans, entre 1997 et 2013.
Plus d’une centaine d’hommes ont été condamnés, et les victimes sont estimées à plusieurs milliers. Les manquements de la police et des autorités locales ont été sévèrement critiqués, et cette affaire qui a traumatisé l’Angleterre est régulièrement utilisée par l’extrême droite britannique pour dénoncer le laxisme des pouvoirs publics et une justice à deux vitesses.
Le Monde avec AFP
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