Dès septembre prochain, la lutte contre les dérives mafieuses sera abordée par les enseignants et par des intervenants extérieurs.
La mobilisation jusqu’aux classes d’école. Des cours « anti-mafia » seront mis en place à partir de la rentrée de septembre en Corse, une première dans l’Éducation nationale. L’annonce a été faite en mars dernier par le rectorat. Ces cours devraient consister en 16 heures de sensibilisation par an, de la classe de quatrième à la terminale.
Objectif: sensibiliser aux pratiques et aux méfaits des organisations criminelles. Le contenu des séances n’a pas encore été dévoilé. Toutefois, l’académie a assuré être soutenue par le ministère et avoir « les mains livres » pour mettre en place ces outils pédagogiques, rapporte Ici Corse.
Les séances seront menées par les enseignants et pourront se matérialiser avec l’intervention de magistrat, historiens, victimes ou repentis de la mafia qui pourront venir témoigner. L’objectif est d’inscrire ces enseignements dans plusieurs matières, notamment l’histoire-géographie et l’éducation morale et civique.
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« La gravité des pratiques mafieuses sur l’île »
« C’est un combat de tous, au regard de la gravité des pratiques mafieuses qui sont présentes dans l’île », a insisté auprès d’Ici le recteur de l’académie de Corse Rémi-François Paolini.
En Corse, la criminalité liée à la mafia continue de faire de nombreuses victimes. À titre d’illustration, le taux d’homicide y est trois fois supérieur à la moyenne nationale.
Récemment, une vague d’incendies criminels vise des bateaux de promenade en mer et une enquête pour association de malfaiteurs et destruction en bande organisée par un moyen dangereux a été ouverte.
Dans un communiqué publié le 20 mai, le collectif anti-mafia Maffia Nò avait dénoncé la « mainmise » des bandes mafieuses sur « certains commerces » qui entraînent des destructions, cette fois dans le tourisme maritime. Ces « pratiques mafieuses » visent à « ruiner les entreprises pour mieux asseoir leur emprise », estimait le collectif.
« Prêcher la bonne parole » auprès des jeunes
L’initiative de ces cours anti-mafia s’inscrit dans la continuité de la session extraordinaire des 27 et 28 février à l’Assemblée de Corse, consacrée à la lutte contre les pratiques mafieuses qui insistait notamment sur l’importance de la prévention et de l’éducation.
Ce programme s’inspire de modèles existants dans d’autres pays, notamment ce qui se fait déjà en Italie. Toutefois, il s’agit de l’adapter aux spécificités de l’île. « Il faut les examiner, et ça ne se transpose pas comme ça, mais c’est tout à fait dans le rôle de l’école de le faire », expliquait ainsi Rémi-François Paolini à Ici.
« En Sicile, il y a 20 ans, il y a avait plusieurs centaines de meurtres par an dans le domaine mafieux, cette année il y en a eu deux, c’est plus en Corse », abonde également Léo Battesti, co-fondateur du collectif Maffia Nò.
Selon lui, il y a urgence car l’image romantique du mafieux voyou se répand aujourd’hui dans la jeunesse corse. « C’est la première fois qu’il y a une synergie pour aller au contact des enfants pour prêcher la bonne parole, c’est-à-dire n’aller pas dans l’illégalité, parce que des gens vont vous faire miroiter de l’argent facile, certains ont fini dans le caniveau une balle dans la tête », déclare-t-il auprès de BFMTV.
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