Le Wegovy et le Mounjaro, deux médicaments anti-obésité, font beaucoup parler d’eux pour leurs effets miraculeux sur la perte de poids. Si bien que l’on trouve sur internet de nombreux substituts, au mieux inefficaces, au pire dangereux.

C’est le médicament « miracle » dont tout le monde parle. Le Wegovy, commercialisé en France depuis quelques mois, est un coupe-faim qui permet de perdre du poids de façon spectaculaire.

Tellement spectaculaire qu’il a explosé sur la toile et sur les réseaux sociaux. Des vidéos avant/après vantant ses mérites sont publiées quotidiennement, comme s’il s’agissait de faire la promotion d’un banal régime minceur.

Résultat, on assiste à la prolifération de pratiques douteuses autour de ce médicament: sites internet qui le vendent sans ordonnance, substituts, compléments alimentaires qui prétendent agir de la même façon…

Le magazine 60 millions de consommateurs a enquêté sur ce phénomène. RMC Conso vous livre ses principales conclusions.

Wegovy et Mounjaro, des médicaments anti-obésité

Les appeler « coupe-faims » est presqu’un abus de langage tant le terme est souvent associé à des produits qui se veulent miraculeux mais sont inefficaces. Le Wegovy et le Mounjaro sont bien deux médicaments, rien à voir avec la poudre de perlimpinpin qui inonde le marché de la minceur.

Ils sont arrivés sur le marché il y a quelques mois seulement. Il s’agit d’une nouvelle génération de médicaments composés d’une molécule qui reproduit l’action d’une hormone intestinale, le GLP-1.

Cette dernière a le pouvoir, il est vrai, de couper la faim: selon les médecins interrogés par 60 millions de consommateurs, les patients sous Wegovy ou Mounjaro sont libérés de l’envie de nourriture, n’ont plus de pensées alimentaires envahissantes, sont moins attirés par les produits riches en gras et en sucre.

Les résultats: 15 à 20% de perte de poids au bout d’un peu plus d’un an, selon le médicament pris.

Pas pour tout le monde

Ils sont malgré tout contraignants: administrés par injection, à raison d’une fois par semaine, ils produisent de lourds effets secondaires, et doivent être pris à vie pour éviter la reprise du poids (de 70% après un an d’arrêt de traitement selon le magazine).

Parmi les effets secondaires les plus fréquents, des nausées, vomissements, et quelques cas graves d’hospitalisations. C’est la raison pour laquelle ces traitements ne doivent pas être pris par des personnes qui n’ont pas de vrais problèmes de poids.

Ils ne concernent que les personnes en situation d’obésité (IMC supérieur à 35) et pas celles qui n’auraient que quelques kilos à perdre, pour qui les bénéfices ne seraient pas suffisants étant donné les risques. Ils ne sont délivrés que sur prescription médicale et représentent un budget non négligeable: entre 275 et 336 euros par mois selon le dosage, qui ne sont à l’heure actuelle pas encore remboursés.

Le problème, c’est que leur efficacité a conduit à une explosion de leur promotion sur les réseaux sociaux. Cela a commencé avec l’Ozempic, un médicament anti-diabète qui agit grâce à la même molécule que le Wegovy et qui a été détourné à des fins d’amaigrissement. La conséquence: une pénurie du médicament pendant des mois.

« On estime qu’1% de l’Ozempic a été détourné à des fins d’amaigrissement, » indique Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe à 60 millions de consommateurs.

Attention aux génériques sur internet et compléments

L’arrivée sur le marché de Wegovy a entraîné le même phénomène, avec une banalisation de ce traitement médical bien souvent revendu sous le manteau.

60 millions de consommateurs alerte sur l’existence de sites internet basés à l’étranger, qui proposent une téléprescription de ces produits sans véritable consultation médicale, voire des sites internet qui vendent de prétendus génériques sans aucune ordonnance. Selon une étude américaine citée par le magazine, ces derniers, trop concentrés et pas contrôlés, pourraient être dangereux.

Une autre alerte concerne des compléments alimentaires, présentés comme du « Wegovy naturel » ou de l' »Ozempic naturel ». On les trouve aussi sous les termes « GLP-1 » du nom de l’hormone reproduite par les médicaments. Ils surfent sur la tendance des médicaments anti-obséité.

Or ces gélules n’ont en fait rien à voir. Elles contiennent une substance d’origine végétale, la berbérine, dont l’efficacité n’est pas prouvée mais qui présente de réels risques pour la santé. Elle cause notamment des troubles intestinaux. Une note de l’Anses de 2019 confirme que ces compléments à base de berbérine ne sont pas sécurisés.

« La berbérine régule certes la glycémie mais comporte de nombreuses contre-indications. Ces compléments sont à éviter, on peut clairement parler d’enfumage, » confirme à RMC Conso Sophie Coisne.

Les brûle-graisses et autres gélules, inefficaces

De manière générale, pour l’association de consommateurs, tous les compléments alimentaires amaigrissants sont à éviter. Aucun n’est efficace pour perdre du poids selon la littérature scientifique.

Les études qui existent sont souvent menées par les fabricants eux-mêmes, rendant leur crédibilité contestable. Les effets, quand il y en a, sont très modérés.

« La seule plante qui a une efficacité modeste est le konjac, » affirme Sophie Coisne. Mais même là, les effets restent théoriques et non prouvés cliniquement. En ce qui concerne les ingrédients à base de caféine, souvent utilisés dans les compléments alimentaires pour la perte de poids, leurs effets sont là aussi très limités.

Un comprimé à base de 200mg de caféine fait brûler environ 54 calories dans la journée. À titre de comparaison, une heure de ménage fait brûler 200 calories.

Enfin, comme ils sont bien moins contrôlés que les médicaments, et ne nécessitent qu’une déclaration auprès de la Direction générale de l’alimentation avant mise sur le marché, ils révèlent parfois des mois après leur commercialisation leurs effets toxiques. En atteste les alertes sur la plante garcinia cambogia au mois d’avril: toxiques pour le foie, tous les compléments alimentaires en contenant ont été retirés du marché.

Ces compléments alimentaires, qui coûtent autour de 30 euros par mois, ne vous feront donc que gaspiller votre argent. Pour perdre du poids, le mieux reste de revoir votre hygiène de vie et si nécessaire, de consulter un médecin.

Source