L’une des 50 cellules individuelles mises en place pour loger des détenus incarcérés en lien avec le trafic de drogue, au centre de détention de Condé-sur-Sarthe (Orne), le 14 octobre 2025. JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP
Le 6 octobre, Gérald Darmanin, reconduit au poste de garde des sceaux la veille au soir, avait prévu de se rendre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), afin d’annoncer la fin des travaux du nouveau quartier de lutte contre la criminalité organisée (après l’ouverture, fin juillet, de celui de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais) et le transfert, à partir de début novembre, de 40 détenus, considérés par l’administration pénitentiaire comme les plus dangereux. Tout avait été prévu dans le moindre détail. Et, alors que le personnel de l’établissement était aligné en rang d’oignons sur le parking de l’entrée, l’annonce de la démission du premier ministre, Sébastien Lecornu, est tombée, à 9 h 41. Tout près du but, le garde des sceaux, qui redevenait ainsi démissionnaire, a été obligé de faire demi-tour.
Ce devait être le premier acte d’une séquence de communication intense. Dimanche 12 octobre, le magazine « Zone interdite » de M6 a consacré un long documentaire à la politique carcérale de Gérald Darmanin contre les narcotrafiquants. Le ministre avait gardé pour l’occasion un petit scoop : l’ouverture, début 2027, de quatre nouveaux quartiers de lutte contre la criminalité organisée dans les prisons de Réau (Seine-et-Marne), Valence, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), et au sein de l’établissement qui sortira de terre à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, en 2029. Enfin, le troisième acte, qui s’est déroulé mardi, a consisté à inviter une vingtaine de journalistes à visiter l’établissement de Condé-sur-Sarthe, mais sans le ministre, pour constater que tout était bien en ordre de marche.
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Président du groupe des députés Droite républicaine, Laurent Wauquiez s’est exprimé ce mardi 14 octobre à l’Assemblée nationale après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu. Il a annoncé que son groupe ne censurera pas le gouvernement.
Laurent Wauquiez a indiqué ce mardi 14 octobre devant l’Assemblée nationale que les élus de son groupe « ne censureront pas un gouvernement a priori ».
Le patron du groupe des élus LR s’est exprimé après le discours de politique générale du Premier ministre.
« Notre priorité, c’est que la France ne soit pas bloquée. Et nous nous engageons, conscients des compromis nécessaires pour que des lois indispensables soient adoptées. Cette position, nous l’avons définie collectivement avec nos députés et nos sénateurs », a-t-il justifié.
« Priver la France de budget, c’est aggraver le déficit »
L’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a insisté sur la stabilité politique nécessaire au pays pour voter un budget. « Nous ne censurerons pas un gouvernement a priori et nous ne ferons pas partie de ceux qui feront tomber les Premiers Ministres. Cette position des députés de la droite républicaine n’a pas varié. La France a besoin d’un minimum de stabilité. La France a besoin d’un gouvernement. La France a besoin d’un budget », a ajouté Laurent Wauquiez.
« Priver la France de budget, c’est aggraver le déficit déjà le plus élevé de la zone euro. Priver la France de budget, c’est nous mettre dans la main des créanciers. Priver la France de budget, c’est le poison de l’incertitude », a insisté le président des députés Droite républicaine.
Cette prise de parole intervient dans un contexte de tensions au sein de LR. Six membres du parti de droite ont rejoint le gouvernement Lecornu II ce dimanche, contre la décision de Bruno Retailleau, avant d’en être exclus dans la foulée.
Un tiers des élus de droite ont voté contre la confiance à François Bayrou en septembre dernier.
Regret sur la suspension de la réforme des retraites
Le président des députés LR Laurent Wauquiez a regretté dans son discours que « tout le dispositif réclamé » par les socialistes pour suspendre la réforme des retraites « ait été repris par le Premier ministre ».
La droite n’avait défendu que du bout des lèvres la réforme des retraites en 2023. Laurent Wauquiez avait été à l’époque particulièrement discret.
« Est-ce qu’on veut tout détruire ou faire des efforts ? », se demande encore le patron des élus LR, rappelant qu’il ne reste « qu’un an » avec le début de la prochaine campagne présidentielle.
Une boutique SFR, à Paris, le 15 october 2025. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS
Pour les représentants du personnel de SFR, c’est la douche froide. Tous ont pris un méchant coup sur la tête en apprenant, mardi 14 octobre, qu’Orange, Bouygues Telecom et Free se lançaient ensemble à l’abordage de l’opérateur au carré rouge, propriété de Patrick Drahi, pour le dépecer, suscitant de vives craintes concernant l’emploi. Quand bien même leur offre de 17 milliards d’euros a été retoquée, mercredi 15 octobre, par Altice France, la maison mère de SFR, les syndicats redoutent que les près de 8 000 salariés de ce dernier fassent les frais de cette bataille qui se profile pour son rachat. Sans que, d’après eux, cela chagrine personne.
Le « problème » de cette opération, c’est que « l’emploi n’est jamais pris en compte », fustige Olivier Lelong, le délégué syndical central de la CFDT. Et la dernière sortie de Roland Lescure, le nouveau ministre de l’économie, ne le rassure guère. Mercredi 15 octobre, sur l’antenne de RTL, celui-ci a promis qu’il se montrerait « extrêmement vigilant », en cas de rachat de SFR par ses rivaux, à propos de « deux choses » : « L’impact sur les prix des consommateurs, et l’impact sur la qualité de service. » Mais pas un mot, à cette occasion, pour les employés.
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La ministre des outre-mer, Naïma Moutchou, au lendemain de sa nomination, à Matignon, le 13 octobre 2025. CYRIL BITTON/DIVERGENCE POUR «LE MONDE»
L’Etat et ses partenaires calédoniens ont entamé, mercredi 15 octobre, des discussions sur le « pacte de refondation économique et sociale » prévu par l’accord de Bougival, toujours rejeté par les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui ont présenté leurs propres propositions.
L’économie calédonienne est en chute libre : le produit intérieur brut a reculé de 13,5 % en 2024, les finances publiques sont exsangues et les recettes fiscales ont diminué de 21 % après les violences de mai 2024, qui ont fait 14 morts et causé plusieurs milliards d’euros de dégâts.
Face à cette crise, la nouvelle ministre des outre-mer, Naïma Moutchou, qui a participé en visioconférence à l’examen du pacte, a affirmé que « la détermination du gouvernement rest[ait] entière » malgré le décalage du calendrier initial en raison de la situation politique à Paris.
« Le premier ministre, Sébastien Lecornu, a fait de la Nouvelle-Calédonie une priorité du gouvernement. Et le président de la République partage complètement cette volonté d’avancer. Avancer sans précipitation, mais sans pause », a-t-elle déclaré, cité par le média local Les Nouvelles Calédoniennes. Et la nouvelle ministre d’annoncer sa venue prochaine dans la collectivité française du Pacifique pour « poursuivre le dialogue avec l’ensemble des partenaires ».
Incertitude sur la mise en œuvre de l’accord de Bougival
La crise politique fait peser une incertitude sur la mise en œuvre de l’accord de Bougival, dont la première étape – le report au printemps 2026 des élections provinciales prévues en novembre prochain – a été approuvée en urgence, mercredi, au Sénat. Cette proposition de loi transpartisane, soutenue par le gouvernement, a été adoptée par 299 voix contre 42. L’Assemblée nationale l’examinera dès le mercredi 22 octobre. La réforme constitutionnelle doit, elle, être approuvée d’ici à la fin de l’année.
Pendant ce temps, une mission interministérielle conduite par Claire Durrieu pour accompagner la Nouvelle-Calédonie dans la refondation de son modèle poursuit ses travaux à Nouméa. Le futur pacte doit permettre « de définir les mesures d’urgence indispensables pour créer un choc de confiance et relancer l’activité économique », ainsi que d’adopter « des réformes structurelles de long terme », a estimé cette haute fonctionnaire.
Parmi les demandes locales figure la transformation en subvention du prêt garanti par l’Etat (PGE) de 1 milliard d’euros destiné à soutenir l’équilibre des comptes publics calédoniens à la suite des événements de mai 2024.
Mardi, le président du gouvernement calédonien, Alcide Ponga, a signé la deuxième tranche de ce PGE, soit 240 millions d’euros, après 560 millions en mars. Mais ce prêt est conditionné à des réformes fiscales dont l’adoption en août par le Congrès, l’assemblée délibérante du territoire, s’est déroulée dans un climat tendu.
Mesures « inégalitaires »
Le plan de 160 millions d’euros d’économies sur trois ans prévoit 27 millions d’euros d’économies sur les allocations familiales, mais aussi une exonération d’impôt pour les nouvelles entreprises et une baisse de 10 points de l’impôt sur les sociétés.
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Depuis, plusieurs mouvements, dont le FLNKS, vitupèrent contre ces mesures qu’ils jugent « inégalitaires ». Le président du groupe UC-FLNKS au Congrès, Pierre-Chanel Tutugoro, a d’ailleurs décliné l’invitation aux réunions sur le pacte de refondation, estimant que celui-ci découle de l’accord de Bougival, que son mouvement dénonce.
Mais il a présenté, mercredi, ses propres propositions. « La seule voie responsable et équitable est d’accroître les recettes publiques », a déclaré M. Tutugoro, qui a déposé une proposition de « loi du pays » créant un impôt de solidarité sur le patrimoine pour les contribuables dont les biens dépassent 840 000 euros.
« Les principales inégalités viennent aujourd’hui des patrimoines et des successions, largement délaissés par l’impôt », soutient le mouvement. En 2019, selon l’Institut de la statistique (ISEE), les 20 % les plus riches concentrent 44 % des revenus, contre 5 % pour les 20 % les plus modestes. C’était avant les émeutes, qui ont encore creusé les inégalités.
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Dans une annexe de la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 30 juin 2023. LOU BENOIST / AFP
A l’heure où le nouveau ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, a fait de la lutte contre le narcotrafic l’une des deux priorités de son action, avec la « sécurité du quotidien », le débat peut paraître technique mais n’en demeure pas moins essentiel : faut-il recréer un corps spécialisé d’enquêteurs de police judiciaire au sein de la police nationale ?
C’est l’une des 40 recommandations du rapport parlementaire tirant le bilan de la réforme de la police nationale, porté par les députés Ugo Bernalicis (La France insoumise) et Thomas Cazenave (Renaissance). Rendu public mercredi 15 octobre, le document radiographie la réforme de la police entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2024, « la plus importante » depuis 1966, pour dresser un constat mitigé.
Certes, en plaçant sous l’autorité d’un chef départemental unique tous les services de police qui ne rendaient compte, jusqu’alors, qu’à leurs directions centrales respectives, cette réorganisation a permis la suppression d’un fonctionnement cloisonné en « tuyaux d’orgues ». Mais elle a aussi accru un risque de « bureaucratisation », créé des strates intermédiaires aux leviers d’action flous et fait de l’échelon départemental le bassin de référence d’une délinquance qui se joue pourtant des frontières administratives.
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Un bureau de tabac à Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine), le 2 janvier 2024. DAMIEN MEYER/AFP
C’est un marqueur de santé publique important, et il clignote au vert : la prévalence du tabagisme s’est établie, en 2024, à 25 % parmi les 18-75 ans, contre 32 % en 2021, et celle du tabagisme quotidien à 18 %, contre 25 % trois ans plus tôt, selon les premiers résultats issus du baromètre de Santé publique France (SPF), rendus publics mercredi 15 octobre.
Des résultats encore partiels : l’intégralité des données, comprenant celles sur le vapotage – dont la hausse présumée est scrutée de près –, sera diffusée début décembre. Mais à la veille du coup d’envoi du défi du Mois sans tabac porté par les autorités de santé (dont la dixième édition débute le 10 novembre), SPF a tenu à communiquer sur cette tendance positive.
« Le nombre de fumeurs quotidiens a diminué de 4 millions en dix ans, c’est bien la démonstration que les actions de prévention et les politiques de lutte contre le tabagisme fonctionnent », a salué devant la presse Caroline Semaille, médecin de santé publique et directrice générale de l’agence. Dix années marquées par « plusieurs étapes », a précisé, à ses côtés, Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions à SPF : après une diminution d’une ampleur qualifiée d’« inédite » entre 2016 et 2019, dans la foulée du premier programme national de réduction du tabagisme, les années 2020-2021, correspondant à celles de la crise liée au Covid-19, ont vu la courbe se stabiliser et même « rebondir » dans certaines catégories de population. Depuis, la tendance à la baisse s’est réinstallée.
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