Les musulmans du monde entier doivent célébrer, à partir du vendredi 6 juin, l’Aïd-el-Kébir, littéralement la « grande fête », également appelée « Aïd el-Adha » (fête du sacrifice) ou « Tabaski », qui correspond aussi au pèlerinage à La Mecque, le hadj.
Table des matières
Une date qui change chaque année
L’Aïd-el-Kébir, célébrée à partir du dixième jour du mois lunaire de dhou al hijja, dure trois jours et débuteau lendemain du rassemblement rituel sacré des pèlerins au mont Arafat, situé à une vingtaine de kilomètres de La Mecque. La date est décalée de onze jours environ chaque année, car le calendrier de l’hégire, qui considère que nous sommes en 1444, ne comporte que 354 ou 355 jours.
Cette fête est à distinguer de l’Aïd-el-Fitr, ou « fête de la rupture du jeûne », qui marque la fin du mois de ramadan.
Lors de l’Aïd-el-Kébir à Djakarta, en Indonésie, le 1er septembre. ANTARA FOTO / REUTERS
Commémorer le sacrifice d’Abraham
L’Aïd-el-Kébir célèbre un épisode relaté à la fois dans le Coran et dans l’Ancien Testament, sous une forme un peu différente. Selon le texte musulman, Dieu demanda à Abraham (ou Ibrahim) de sacrifier son fils Ismaël pour éprouver sa foi – selon l’Ancien Testament, l’enfant du sacrifice est Isaac. Alors que l’homme s’apprêtait à immoler l’enfant avec un couteau, l’ange Gabriel (ou Jibril) arrêta son geste et remplaça l’enfant par un bélier. Cet événement est désormais commémoré par les musulmans sous la forme d’un sacrifice animal.
Les fidèles, habillés de leurs plus beaux vêtements, se rassemblent tôt le matin dans des lieux de prière. A l’issue de l’office, ceux qui en ont les moyens égorgent ou font abattre par un sacrificateur une bête (mouton, vache, chèvre…) dont la viande sera partagée en trois : un tiers pour la famille, un tiers pour les amis et voisins et le dernier pour les pauvres.
L’expression « aïd mabrouk » – ou « aïd moubarak » – est utilisée pour féliciter et souhaiter ses vœux à ses proches, comme on dirait « joyeux Noël » ou « meilleurs vœux » dans la tradition chrétienne.
Lire aussi | Quel est le poids de l’islam en France ?
Les musulmans célèbrent à partir de vendredi l’Aïd-el-Kébir, comme, sur cette image, à Gumuk Pasir Parangkusumo, en Indonésie. ANTARA FOTO / REUTERS
Un abattage rituel très encadré en France
Traditionnellement, c’est le chef de famille qui accomplissait le sacrifice de l’animal, mais pour des raisons sanitaires et de bien-être animal, l’abattage rituel a été progressivement encadré, et est désormais interdit en dehors des abattoirs.
Le Monde
Soutenez une rédaction de 550 journalistes
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 7,99 €/mois pendant 1 an.
S’abonner
Un guide pratique, publié en 2016 par les ministères de l’intérieur et de l’agriculture, après la création d’une instance de dialogue avec les responsables musulmans, rappelle les sanctions encourues : 450 euros pour la détention non déclarée d’animaux vivants, 7 500 euros et six mois de prison pour le transport d’animaux vivants, et jusqu’à 15 000 euros d’amende et six mois de prison pour l’abattage clandestin hors de structures agréées. Une circulaire est également établie chaque année à destination des préfets, consultable sur le site du ministère de l’agriculture.
En France, ces festivités se traduisent chaque année par l’abattage de plus de 100 000 moutons, sur une période d’un à trois jours. Ce surcroît d’activité entraîne la mise en place d’abattoirs temporaires, dont une liste a été publiée le 1er juin au Journal officiel.
Des pratiques de substitution possibles
La célébration de l’Aïd-el-Kébir, et en particulier le sacrifice animal, est une tradition bien ancrée chez les musulmans. Toutefois, elle ne constitue pas un des cinq piliers de l’islam, contrairement à la prière, au pèlerinage à La Mecque ou au jeûne du ramadan (les deux derniers étant la charité et la profession de foi).
Si les musulmans de Turquie considèrent ce rituel comme obligatoire, d’autres branches précisent que le sacrifice doit être réalisé dans la mesure des moyens des croyants. Un mouton coûte environ 200 à 250 euros et peut être abattu pour une à sept familles.
Pour des raisons d’organisation (manque d’abattoirs), il est possible d’acheter en boucherie halal des moutons sacrifiés après la prière de l’Aïd-el-Kébir. Par ailleurs, en signe de fraternité et de solidarité, des responsables religieux proposent des alternatives au sacrifice, par des dons aux pauvres ou aux migrants. Le Conseil français du culte musulman a rappelé que « le sacrifice par délégation est autorisé de façon unanime ».
Mise à jour le 5 juin : actualisation des dates de la fête pour l’année 2025.
No comment yet, add your voice below!