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« Les Zones grises », d’Alexandra Saemmer : ce qu’être un Allemand des Sudètes veut dire

« Les Zones grises. Enquête familiale à la lisière du IIIe Reich », d’Alexandra Saemmer, Bayard, 304 p., 20,90 €, numérique 15 €.

A quel point le grand-père de l’autrice, fervent partisan de l’indépendance des Sudètes vis-à-vis de la Tchécoslovaquie puis membre de la Wehrmacht, a-t-il adhéré à l’idéologie nazie ? Sa grand-mère a-t-elle été violée par un soldat soviétique à la fin de la seconde guerre mondiale ? De ces lacunes, qui jalonnent son histoire familiale, Alexandra Saemmer tire, dans Les Zones grises, une histoire intime des Allemands des Sudètes.

Cette minorité germanophone, installée depuis la fin du Moyen Age dans une région originellement occupée par des peuples slaves, puis intégrée au nouvel Etat tchécoslovaque après la première guerre mondiale, accueillit souvent avec enthousiasme le rattachement de son territoire au Reich allemand à la suite des accords de Munich, en 1938. A la fin de la seconde guerre mondiale, ils furent plus de 3 millions à être expulsés de la Tchécoslovaquie reconstituée, s’installant pour la plupart en Autriche ou dans le sud de l’Allemagne. Ils y furent accueillis avec froideur, voire avec hostilité : Allemands et donc coupables aux yeux des Tchèques, ils étaient encore trop slaves, parlant un allemand mâtiné de tchèque, pour beaucoup d’Allemands.

Alexandra Saemmer fait droit à ces ambiguïtés, et déroule avec nuance le parcours accidenté de sa famille. Mêlant adroitement grande et petite histoire, la chercheuse en sciences sociales suit en Allemagne la trajectoire de sa mère et de son oncle, pour évoquer leur difficulté à vivre sans attaches, expulsés de leur pays d’origine et séparés du reste de leur famille.

Table des matières

La « jalousie de la Shoah »

En toile de fond se lit, étayée par les témoignages que l’autrice récolte sur des groupes Facebook, une peinture de la mémoire contrariée des Allemands des Sudètes, toujours renvoyés, dans la commémoration de leurs souffrances, à celles, bien supérieures, qu’ils ont contribué à infliger. Se fait alors jour, au sein de cette communauté, « un sentiment aussi inavouable qu’obsédant » : l’Holocaustneid, la « jalousie de la Shoah », accompagnée d’une impression d’injustice et d’une hostilité tenace à l’égard des Tchèques.

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