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Gérard Depardieu condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur le tournage du film « Les Volets verts »

L’acteur français Gérard Depardieu, au Palais de justice de Paris, le 27 mars 2025. GONZALO FUENTES / REUTERS

Il est la plus grande figure du cinéma français rattrapée par #MeToo : Gérard Depardieu a été reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement deux femmes lors du tournage du film Les Volets verts, en 2021, et condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, mardi 13 mai. Le tribunal correctionnel a, en outre, prononcé une peine d’inéligibilité de deux ans et son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), conformément aux réquisitions du parquet.

L’avocat du comédien a immédiatement annoncé qu’il allait interjeter appel. « A partir du moment où vous êtes mis en cause aujourd’hui dans une affaire dite d’agression sexuelle, vous êtes automatiquement condamné », a estimé Jérémie Assous. Gérard Depardieu, actuellement en tournage au Portugal pour un film dirigé par Fanny Ardant, n’était pas présent au délibéré, contrairement à ce qu’avait assuré Me Assous.

Le tribunal a motivé sa décision par la constance et la cohérence des propos des plaignantes alors que les « déclarations de Gérard Depardieu ont évolué significativement entre sa garde à vue et l’audience ». Le président du tribunal a regretté lors de la lecture du jugement « la dureté excessive des débats » à l’encontre des parties civiles de la part de la défense de Gérard Depardieu. « Des propos qui, par leur nature, sont constitutifs d’une victimisation secondaire », a-t-il ajouté.

Victimisation secondaire

Gérard Depardieu devra verser à Amélie 4 000 euros de dommages et intérêts au titre de son préjudice moral et 2 000 euros à Sarah pour le même motif (les prénoms ont été modifiés). Il devra aussi leur verser 1 000 euros à chacune au titre du préjudice de victimisation secondaire. Me Assous avait notamment crié « menteuse, hystérique ! » ou encore « allez pleurer ! » à Amélie et Sarah, s’approchant de leur banc en les pointant du doigt. « Cette reconnaissance de la maltraitance de prétoire est très importante pour nous. J’espère que ça découragera les agresseurs », a insisté Carine Durrieu Diebolt, l’avocate d’une des parties civiles.

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La victimisation secondaire est une double peine pour les victimes de violences sexistes et sexuelles qui, après avoir subi une première agression, sont confrontées à des préjugés, à des questions déplacées et à des remarques culpabilisantes par les acteurs d’un système judiciaire supposé les protéger.

A l’issue des quatre jours de procès, le procureur de la République, pour qui la culpabilité de l’acteur ne fait aucun doute, avait requis « une peine qui prenne en compte l’absence totale de remise en cause » du prévenu.

« Une agression, c’est plus grave que ça, je crois »

L’avocat de l’acteur avait, quant à lui, plaidé la relaxe pour son client, victime, selon lui, de « harcèlement ». Sa très longue plaidoirie avait été marquée par des passages survoltés à l’encontre des plaignantes. Amélie, la seule partie civile présente pour entendre le jugement, s’est dite soulagée après avoir traversé « un ascenseur émotionnel » : « Justice a été rendue », a-t-elle déclaré.

Lors du procès, elle avait raconté en détail cette journée de septembre 2021, dans un appartement du 16e arrondissement de Paris où se déroulait le tournage. La décoratrice avait expliqué avoir évoqué le décor du film avec Gérard Depardieu et sa recherche de parasols des années 1970 pour la suite du tournage dans le sud de la France.

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Ensuite, « il referme les jambes, il m’attrape les hanches », avait-elle mimé à la barre. « Il me coince, il a beaucoup de force et il malaxe », avait poursuivi Amélie, se remémorant « son gros visage », « ses yeux rouges, très excités » et les propos de Gérard Depardieu : « Viens toucher mon gros parasol, je vais te le mettre dans la chatte ! »

« Je conteste les faits ! », avait vivement réagi Gérard Depardieu devant le tribunal, constamment assis sur un tabouret. « Il y a des vices que je ne connais pas », s’était exclamé l’acteur. « Je ne vois pas pourquoi je m’amuserais à peloter une femme, des fesses, des seins, je ne suis pas un frotteur dans le métro », s’était-il défendu.

« J’adore les femmes »

Gérard Depardieu avait également nié avoir agressé Sarah, 34 ans aujourd’hui. L’assistante sur le film avait raconté avoir accompagné l’acteur de la loge au plateau. « Il faisait nuit et au bout de la rue, il a mis la main sur ma fesse, il l’a posée tranquillement », avait-elle expliqué à la barre, à quelques mètres de Gérard Depardieu, ajoutant avoir été agressée à deux autres reprises les jours suivants.

« Je l’ai peut-être frôlée avec le dos dans le couloir, mais je ne l’ai pas touchée !, avait affirmé à la barre Gérard Depardieu. Je n’ai pas fait d’agression sexuelle, une agression, c’est plus grave que ça, je crois. »

« Plus grave que quoi ? », l’avait interpellé l’avocate de Sarah, Claude Vincent. « Plus grave qu’une main aux fesses. Enfin, je n’ai pas mis de main aux fesses ! », s’est empressé d’ajouter l’acteur, qui a affirmé être « d’un autre temps ». Gérard Depardieu avait admis pouvoir être « grossier, vulgaire », regrettant « les temps anciens ». Un temps où les femmes « ne parlaient pas », « ne déposaient pas plainte » quand un homme les touchait, avaient rappelé les parties civiles, dénonçant « l’apologie du sexisme ».

« J’adore les femmes », avait déclaré l’acteur, opposant « la féminité », qu’il respecte, aux « femmes qui sont dans l’hystérie », faisant référence aux manifestantes ayant perturbé les représentations de son spectacle Depardieu chante Barbara, en 2023, après des accusations de violences sexistes et sexuelles.

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Pendant le procès, quatre femmes en plus des plaignantes sont venues témoigner d’agressions sexuelles subies entre 2007 et 2015. Chaque fois, elles ont évoqué « les mains sur les seins », « la main dans la culotte » et aussi le silence gardé, « parce qu’à 20 ans, c’est difficile d’aller au commissariat et de porter plainte contre M. Depardieu », a témoigné l’une d’elles.

Ces dernières années, Gérard Depardieu a été accusé d’agressions sexuelles par une vingtaine de femmes mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits. L’acteur n’en a cependant pas fini avec la justice. Le parquet de Paris a requis un procès à son encontre, après sa mise en examen faisant suite à une plainte de l’actrice Charlotte Arnould pour viol, en 2018.

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Le Monde avec AFP

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