Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et son homologue chinois Xi Jinping arrivent au Kremlin, à Moscou, le jeudi 8 mai 2025, pour leurs entretiens, avant les célébrations du 80e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. ALEXEI DANICHEV / AP
Gabriel Martinez-Gros est professeur émérite d’histoire à l’université Paris-Nanterre. Il est spécialiste des empires et de l’historien arabe des empires Ibn Khaldûn (1332-1406), auquel il a consacré ses deux derniers livres, Ibn Khaldûn. Anthologie (Passés Composés, 2024) et Ibn Khaldûn. Political Thought (Cambridge, 2025).
Table des matières
Comment définissez-vous un empire ?
Les empires exigent des conditions de possibilité précises. A commencer par une densité de peuplement, une richesse et une qualité productives qui n’apparaissent guère avant la fin du IIe ou le début du Ier millénaire avant notre ère, en Mésopotamie, en Egypte, en Chine du Nord, un peu plus tard en Mésoamérique. Il n’y a pas d’empire néolithique, ni d’empire nomade, faute de ressources humaines et de capacités productives suffisantes. Mais le paradoxe, c’est que ces populations nombreuses, denses et mieux nourries que l’humanité clairsemée qui les cerne ne font empire qu’après avoir été conquises par certaines de ces tribus marginales, plus pauvres, plus avides et plus belliqueuses.
L’Assyrie, la Perse, les Macédoniens, les Romains, fondateurs des premiers Empires moyen-orientaux et méditerranéens, sont tous issus de marges – même Rome, née d’une marge de la Méditerranée orientale, plus riche et plus peuplée dans l’Antiquité que la Méditerranée occidentale –, tout comme la principauté de Qin dans l’ouest de la Chine et qui en fit pour la première fois l’unité en 223 avant notre ère, ou les Aztèques venus du nord du Mexique, sont issus des marges de l’espace densément peuplé et hautement productif de la Chine du Nord ou du Mexique central.
Il vous reste 93.7% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.


No comment yet, add your voice below!