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Vladimir Poutine compare les dirigeants européens à des… porcelets
Vladimir Poutine prononce un discours lors d’une réunion élargie du collège du ministère russe de la Défense, au Centre national de commandement de la défense, à Moscou, le 17 décembre 2025. ALEXANDER KAZAKOV/AFP
Au début du mois de décembre, Donald Trump a étrillé les dirigeants de l’Europe, estimant « qu’ils sont faibles, (…) qu’ils veulent être tellement politiquement corrects. (…) Je pense qu’ils ne savent pas quoi faire. » Mais Vladimir Poutine n’est pas en reste. Mercredi, au cours d’une réunion avec des responsables du ministère de la défense à Moscou, il a puisé dans le répertoire de Dmitri Medvedev, numéro deux du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie et ancien président, coutumier des éructations verbales sur les réseaux sociaux.
Il s’en est pris aux dirigeants européens : « Les porcelets européens [подсвинки est le pluriel de подсвинок] se sont immédiatement joints au travail de la précédente administration américaine, espérant tirer profit de l’effondrement de notre pays », a-t-il affirmé. Il les accuse de s’être rangés aux côtés de l’administration de Joe Biden, à qui il reproche d’avoir « délibérément conduit la situation vers un conflit armé », estimant que Washington pensait pouvoir affaiblir, voire détruire, la Russie en peu de temps.
Dmitri Medvedev, a déjà employé ce terme en novembre 2022 pour désigner les élites occidentales, notamment dans des messages publiés sur Telegram puis en février 2024, dans un entretien aux médias russes. En avril 2025, lors d’une intervention devant des écoliers, il a intégré l’expression « porcelets grognants » à une présentation regroupant ses citations les plus mémorables.
En 2013, lors d’une émission en direct, le président Vladimir Poutine a qualifié le maire d’Omsk, Viatcheslav Dvorakovski, de… « petit cochon ». En 2014, Vladimir Poutine avait une nouvelle fois employé l’expression de « petits cochons », sans référence directe à l’Europe mais dans une métaphore évoquant le rôle de la Russie sur la scène internationale.
Les propos de Vladimir Poutine posent un défi de traduction pour la presse étrangère, selon le linguiste et professeur d’anglais Alexeï Boldachov interrogé par le site Life.ru (pro-Kremlin). Selon lui, « le terme « подсвинок » constitue en russe une insulte marquée, à connotation méprisante et déshumanisante ». Il poursuit : « En anglais, les traductions les plus proches seraient « European pig » [« cochons européens »] ou « little European pig », sans toutefois restituer pleinement le poids culturel de l’expression originale ». Et d’ajouter : « des équivalents plus agressifs comme “European scumbag” ou “European slime” pourraient être utilisés dans certains contextes, mais feraient disparaître la métaphore animale ».
Interrogé par le site d’information Gazeta.ru, le philologue Pavel Baldytsine, professeur à l’Université d’État de Moscou, explique que ce terme renvoie à une hiérarchie animale dans laquelle un « grand cochon » domine un troupeau, les « petits » occupant une position subordonnée. Selon lui, le mot n’est pas péjoratif en soi dans son sens technique, mais devient humiliant lorsqu’il est appliqué à des personnes. Il estime que l’usage de cette expression s’inscrit dans la vision développée de longue date par Vladimir Poutine, selon laquelle les pays européens agiraient dans le sillage des États-Unis, aujourd’hui sous l’influence de Donald Trump.


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