Le village de Hongqiao, dans le Hubei, en Chine, avec en arrière-plan la ferme verticale de cochons, en mai 2025. JORDAN POUILLE/« LE MONDE »
Une poussière grise plane sur le village de Hongqiao (« Pont arc-en-ciel »), à 10 kilomètres au sud-ouest d’Ezhou, dans la province du Hubei. Des camions rouges aux pneus lisses convergent en continu vers un étrange édifice, un gratte-ciel noir vrombissant au milieu de champs en gradins. Tout près, un couple de vieillards draine une rizière. La moisson est dans un mois. « Tu n’aimes pas ça, n’est-ce pas ? », interpelle l’homme qui a requis l’anonymat.Silence songeur. « Cette puanteur, cette odeur de pollution, de merde ! Personne n’aime ça au village. » Il s’éloigne, puis se retourne : « On compte sur toi pour faire un rapport là-dessus ! »
Dans les maisonnettes de Hongqiao, le portrait de Mao trône encore au-dessus des tables à manger. Mme Zhang fait remarquer que chez elle, le portrait du Christ l’a remplacé depuis quarante ans. Sa belle-fille au teint de porcelaine part se cacher. Mme Zhang veut s’assurer que le visiteur a mangé avant de formuler ses griefs : « Pourquoi on n’aime pas ? Parce que ça pue ! On ne supporte pas. Nous, on est pauvres, on ne peut pas quitter notre maison car personne ne viendra jamais s’installer ici. Ceux qui ont de l’argent sont déjà partis à la ville. Hier, ça puait à des kilomètres mais aujourd’hui, ça va un peu mieux, on respire. »
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