Les spécialistes américains de l’industrie de défense ont bénéficié au troisième trimestre d’une forte demande, en particulier pour des missiles et des munitions, dans un climat de regain de tensions géopolitiques.
Guerre en Ukraine et à Gaza, incursions russes dans des espaces aériens européens, manœuvres militaires chinoises près de Taïwan ou encore tensions en mer Rouge, l’ambiance mondiale est au réarmement.
« Nous continuons d’être exceptionnellement positionnés pour répondre à la demande croissante de nos clients américains et internationaux, en particulier concernant les munitions et les systèmes intégrés de défense aérienne et des missiles », a commenté Chris Calio, patron de RTX, lors d’une audioconférence avec des analystes.
Le carnet de commandes a bondi de 13% sur un an à 251 milliards de dollars, dont 37 milliards de contrats signés entre juillet et septembre. Ceux de défense ont représenté 23 milliards de dollars, contre 14 milliards pour les produits civils. Sa filiale spécialisée Raytheon a engrangé 8 milliards de dollars de commandes pour des munitions, en particulier des missiles GEM-T – une variante de son missile Patriot – destinés à des clients étrangers, ainsi que des missiles AMRAAM air-air de moyenne portée avec guidage radar. Ce dernier contrat, d’un montant de 2,1 milliards, est le plus gros en trente ans d’existence du programme.
Outre des volumes supérieurs dans les systèmes de défense terrestre et aérienne, Raytheon – qui fabrique aussi le missile Tomahawk – a également profité d’un essor des programmes navals. Son bénéfice opérationnel a bondi de 33%. Elle a aussi décroché un « contrat très important de drones anti-drones » pour l’armée de Terre américaine, tandis que Pratt & Whitney, filiale de RTX spécialisée dans les moteurs d’avion y compris commerciaux, a obtenu un gros contrat pour le moteur F135 équipant le F-35 fabriqué par Lockheed Martin. L’armée américaine vient de confirmer son 18e lot de cet avion furtif de combat, également exploité ou commandé par une quinzaine de nations alliées.
Table des matières
Une demande mondiale qui « reste solide »
Selon James Taiclet, patron de Lockheed qui s’exprimait mardi lors de la présentation des résultats trimestriels, « la forte demande des clients persiste, tant aux États-Unis que parmi nos alliés ». Il s’est félicité de l’obtention de différents contrats de plusieurs dizaines de milliards de dollars avec, notamment, l’armée de Terre et la Marine américaines.
Le groupe de Bethesda (Maryland) a profité d’une augmentation de ses activités dans tous ses segments, en particulier les missiles (+14% sur un an). En revanche, il avait été évincé en mars par son compatriote Boeing pour la nouvelle génération d’avion de combat furtif – baptisée F-47 – de l’US Air Force. Boeing, qui doit annoncer ses résultats le 29 octobre, reste en lice pour la prochaine génération d’avion de combat de l’US Navy, cette fois face à Northrop Grumman. A l’instar de ses homologues, Kathy Warden, PDG de Northrop Grumman, a également signalé mardi un marché « dynamique » que son entreprise s’emploie à exploiter au mieux en « répondant avec célérité aux besoins de nos clients ».
« Nous nous attendons à ce que la demande mondiale reste solide (…), avec une croissance l’année prochaine de chacun de nos quatre segments d’activité », a-t-elle indiqué.
Le bénéfice opérationnel trimestriel a progressé de 11% et la marge opérationnelle est passée de 11,5% à 12,3% grâce aux revenus supérieurs dans ses branches Mission Systems et Defense Systems.
Le « Dôme d’or » devrait générer une manne importante
GE Aerospace, né de la scission en 2024 du conglomérat General Electric, a aussi profité du contexte mondial. Sa division de défense a enregistré une nette hausse (+26% à 2,8 milliards) de son chiffre d’affaires même si ses commandes ont reculé de 5% sur la période à 2,9 milliards, un repli attribué par le groupe à un effet de calendrier.
Forts de ces résultats en hausse et des perspectives, les quatre groupes ayant présenté leurs comptes mardi ont relevé leurs prévisions annuelles. Certains l’avaient déjà fait au trimestre précédent. Et, les dirigeants de RTX l’ont rappelé, l’avenir est prometteur: le budget américain prévoit 50 milliards de dollars pour le réapprovisionnement en munitions, sans parler de la manne que devrait générer le « Dôme d’or », bouclier antimissiles voulu par Donald Trump.


No comment yet, add your voice below!