La croissance tricolore devrait s’établir à 0,9% en 2025, puis 1% en 2026. Des prévisions revues en légère hausse alors que les impacts de la crise politique et des droits de douane de Trump semblent à ce stade moins sévères qu’attendu.
Après l’Insee mercredi, c’est au tour de la Banque de France de saluer la résilience de l’économie française. Dans ces dernières projections dévoilées ce vendredi 19 décembre, l’institution table sur une croissance tricolore de 0,9% en 2025, contre 0,7% attendus jusqu’à présent. Malgré une consommation atone dans « un contexte national d’incertitude élevée » sur fond de crise politique et budgétaire, l’activité tricolore a été soutenue par des « surprises favorables » et en particulier par les exportations dynamiques du secteur aéronautique, notamment sur la deuxième partie de l’année, relève la Banque de France.
La croissance en 2026 devrait également être un peu meilleure que prévu, la Banque de France prévoyant désormais 1%, soit 0,1 point de plus que ses précédentes projections de septembre. Une révision qui s’explique en partie par un rebond attendu de la consommation des ménages (+0,8%, après +0,4% en 2025) soutenue par les gains de pouvoir d’achat obtenus en 2025 avec un salaire moyen par tête qui a progressé plus vite que l’inflation (+2,1% contre 0,9%).
Légère remontée du chômage en 2026
Cette croissance plus favorable en 2026 ne se traduira pas par une amélioration du marché de l’emploi, les entreprises préférant en profiter pour regagner en productivité. Résultat, le taux de chômage augmenterait à 7,8% l’an prochain, contre 7,6% en 2025 avant de reculer à 7,4% à horizon 2028 notamment sous l’effet de la suspension de la réforme des retraites qui ralentirait la progression de la population active.
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Des « chocs » aux effets « moins importants » que prévu mais plus longs?
Instabilité politique, crise budgétaire, droits de douane de Donald Trump… « Les effets des chocs qu’on a eus en 2025 sont probablement moins importants que ce qui était craint initialement », a reconnu le directeur général de la Banque de France, Olivier Garnier, pour justifier ces relatives bonnes nouvelles.
Mais « sans ces chocs d’incertitudes on aurait sans doute une croissance plus élevée en 2025 et 2026 », tempère-t-il. L’impact des droits de douane américains coûterait ainsi 0,1 point de PIB l’année prochaine tandis que l’impact de la crise politique serait de 0,2 point essentiellement en 2025 et dans une moindre mesure en 2026.
Bien que moins violent qu’attendu, l’impact du contexte national et international pourrait de surcroît être « plus durable, plus prolongé » et risque de se « propager » en 2027 et en 2028. En résulterait une activité tricolore toujours aussi peu dynamique avec une croissance de 1% en 2027 (-0,1 point par rapport à la dernière prévision) et de 1,1% en 2028.
Pourquoi le rebond de la croissance française ne profitera-t-il pas à l’emploi?
Incertitude budgétaire
Ces prévisions restent suspendues à l’issue pour l’heure inconnue des débats budgétaires. À ce stade néanmoins, la Banque de France juge que l’objectif de déficit de 5,4% du PIB cette année sera tenu principalement grâce à l’augmentation du taux de prélèvements obligatoires (+0,8 point de PIB).
Ce sera en revanche bien plus compliqué pour la suite. Dans l’hypothèse d’un vote du projet de loi de finances initial après le vote du budget de la Sécurité sociale, le déficit public « pourrait être autour de 5% du PIB » l’an prochain, juge l’institution, rappelant que cela resterait insuffisant « pour commencer à stabiliser le ratio d’endettement public », à 115% du PIB aujourd’hui.
Mais le plus probable reste à ce stade le recours à une loi spéciale en l’absence de budget de l’État. « Il est donc probable que le déficit 2026 soit in fine plus dégradé que les hypothèses budgétaires retenues », souligne la Banque de France, précisant que cela ne changerait rien pour la croissance car l’effet sur le PIB d’une « consolidation budgétaire moindre » que prévu serait « compensée par des comportements des ménages et entreprises demeurant plus attentistes en raison de l’incertitude fiscale prolongée ».


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