Une organisation horizontale où les chefs n’existent plus, les réunions ont quasiment disparu et où les règles sont ultra-flexibles… La société Yamanja a choisi le modèle de « l’entreprise libérée » et ne le regrette pas.
C’est le seul moment de la semaine un peu borné. Chaque lundi matin, les 30 salariés de Yemanja se réunissent pour discuter de l’avancée des projets et de l’actualité de leur entreprise d’aménagement de bureaux. Pour le reste de la semaine, chacun gère son temps comme il l’entend en binôme.
« C’est assez grisant. On arrive, on se dit ‘je peux faire ce que je veux, c’est génial' », raconte Valentine Giscard d’Estaing, cheffe de projet.
« Mais y a tout ce qui va autour. L’entreprise libérée c’est aussi adhérer au projet de l’entreprise, c’est-à-dire les moments collectifs, est ce qu’on est d’accord sur le cap, si on est alignés sur les projets. On a des grandes discussions tous ensemble. » En cas d’incertitude, pas de chef pour trancher. Les binômes se concertent pour prendre une décision. Ils disposent d’un droit à l’erreur qui se transforme en apprentissage pour l’ensemble de l’équipe.
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« On peut dire ‘je pars 3 jours’, comme ‘je pars 3 semaines' »
La société, organisée en « entreprise libérée », mise aussi sur le travail en flex office et la transparence des salaires. Les salariés ont même le choix de poser autant de congés qu’ils veulent, quand ils veulent…. mais avec du bon sens. « On ne peut pas laisser son binôme dans la merde à un moment compliqué de son projet… Mais à part ça, on peut dire ‘je pars 3 jours, comme ‘je pars 3 semaines’, du moment que tout est bien organisé et que c’est facile pour tout le monde, il n’y a pas de sujet », assure Valentine Giscard-d’Estaing.
Et les règles de liberté qui règnent dans les bureaux sont les mêmes au rez-de-chaussé dans l’atelier. Antony Nudes, qui fabrique le mobilier, dispose même d’une carte bleue au nom de l’entreprise pour agir en toute autonomie. « On est vraiment indépendant dans le sens où je vais acheter mes matériaux, organiser mes interventions chez le client, sur le chantier… », raconte-t-il.
« On a nos délais, c’est comme si on était artisan indépendant, comme si on était nos propres patrons. »
Quand les fondateurs partent pendant 3 mois… et que tout se passe bien
« L’entreprise libérée » est un concept théorisé au début des années 2010 par plusieurs auteurs et que l’on retrouve aujourd’hui dans une centaine d’entreprises en France. Plus qu’un objectif, c’est une ligne directrice pour les fondateurs de Yemanja. L’an dernier, cette organisation horizontale a pris encore plus de sens, quand Marie Vaillant et Quentin Audrain ont choisi de s’absenter de leur entreprise pendant 3 mois.
« On est partis, on a coupé nos emails, nos outils internes… », se souvient Quentin Audrain, co-fondateur de Yemanja.
« Nous on va avoir un rôle support, de représentation… mais beaucoup de personnes chez Yemanja savent faire fonctionner l’entreprise sans qu’on soit là… Tout est organisé pour que l’entreprise fonctionne toujours sans qu’il y ait besoin de tout le monde », assure-t-il.
Mais le modèle libéré pose parfois quelques difficultés. Parmi les inconvenients, le recrutement est assez compliqué car ce système repose avant tout sur la confiance. Il faut donc trouver la bonne personne. « On va aller chercher des compétences métiers, mais on va aussi chercher les soft skills, des personnalités à l’aise dans le fait d’être libre etc. », précise Quentin Audrain. À la fin de l’exercice comptable, malgré cette organisation étonnante, Yemanja se porte bien financièrement. Et les fondateurs l’assurent, si cette organisation n’était pas viable économiquement, le concept d' »entreprise libérée » n’aurait pas été mis en place.
Nathan Cocquempot avec Marine Cardot


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