Emmanuel Macron, à Nuuk (Groenland), le 15 juin 2025. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »
Emmanuel Macron a exprimé, dimanche 15 juin, à son arrivée pour une visite du territoire autonome danois, son désaccord avec la volonté de Donald Trump d’annexer le Groenland. M. Macron a également fait part de la « solidarité européenne » envers ce territoire, lors de sa visite de l’île arctique.
M. Macron est le premier chef d’Etat étranger à mettre le pied sur ce territoire, grand comme quatre fois la France et couvert à 80 % de glace, depuis les menaces d’annexion de M. Trump. Le président français est arrivé vers 11 h 20 (14 h 20, heure de Paris) à Nuuk, où des dizaines de Groenlandais l’attendaient à sa descente d’avion en agitant un drapeau du Groenland.
« Je viens (…) dire la solidarité de la France et de l’Union européenne pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce territoire et pour relever les défis qui sont les siens qui sont ceux de la croissance économique, de l’urgence climatique, de l’éducation », a dit M. Macron, en présence de la première ministre danoise, Mette Frederiksen, et du chef du gouvernement groenlandais, Jens-Frederik Nielsen.
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Il a exprimé devant les journalistes son désaccord avec la volonté de M. Trump de s’emparer du territoire autonome, estimant : « Ce n’est pas ce qui se fait entre alliés. » Le président des Etats-Unis, invoquant des raisons de « sécurité internationale », ambitionne de faire main basse sur cette île, la plus grande du monde, riche en métaux rares, par tous les moyens, y compris militaires s’il le faut.
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« Accélérer la mise en œuvre » du partenariat sur les métaux
Personne en Europe ne pense que le Groenland est « à vendre ou à prendre », a déclaré Emmanuel Macron dimanche sous les applaudissements du public à Nuuk. La France est également prête à organiser « des exercices conjoints » avec les autres pays du sud de l’Arctique pour renforcer la sécurité de la région, a-t-il ajouté, insistant sur « l’intégrité territoriale » et « l’intangibilité » des frontières de la région.
Les Européens veulent « accélérer la mise en œuvre » du partenariat avec le Groenland sur les métaux stratégiques, a annoncé dimanche M. Macron, lors d’un déplacement dans le territoire autonome danois.
Le « partenariat stratégique signé en 2023 entre l’Union européenne et le Groenland (…) doit permettre de développer des chaînes de valeur durables dans le secteur des matières premières stratégiques », a-t-il ajouté. Vingt-cinq minéraux sont considérés par l’Union européenne comme des matières premières critiques, notamment les terres rares et le graphite se trouvant au Groenland.
Un enjeu de sécurité
M. Macron a commencé par visiter une frégate danoise, où il a passé en revue les troupes danoises avant un entretien avec les dirigeants danois et groenlandais. La première ministre danoise s’est félicitée de ce « témoignage concret de l’unité européenne ». La visite d’une centrale hydroélectrique financée par l’Union européenne a dû être annulée en raison du mauvais temps.
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L’accueil dont a bénéficié le président de la République française tranche avec celui réservé au vice-président américain, J. D. Vance, le 28 mars. Ce dernier avait été contraint de se cantonner à la base militaire américaine de Pituffik, sur la côte nord-ouest du Groenland, face au tollé suscité par sa venue.
La population – 57 000 habitants –, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine. Le Danemark répète que le Groenland « n’est pas à vendre ». J. D. Vance avait accusé, lors de sa visite, le Danemark de n’avoir « pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland », notamment en matière économique, et « pas bien assuré sa sécurité ».
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La base de Pituffik, qui se situe sur la trajectoire la plus courte des missiles entre la Russie et les Etats-Unis, constitue un maillon crucial de la défense antimissile américaine. L’Arctique devient aussi un enjeu de sécurité dans la course aux terres rares et aux nouvelles routes maritimes rendues possibles par le réchauffement climatique.
Face aux visées de tous bords, le Danemark a annoncé qu’il allait consacrer 2 milliards d’euros au renforcement de la sécurité dans l’Arctique. L’OTAN va, de son côté, installer un centre de commandement et de contrôle des opérations aériennes (CAOC) en Norvège, au-dessus du cercle polaire, alors que la Russie cherche à conforter sa puissance militaire dans la région.
Très exposé au réchauffement climatique
Quelques jours avant la visite présidentielle, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du Grand Nord afin de se familiariser avec les opérations en zone arctique. Si les conditions météo le permettent, M. Macron doit se rendre compte par lui-même de l’impact grandissant du réchauffement climatique sur un glacier du mont Nunatarsuaq, à une trentaine de kilomètres de Nuuk.
La glace a fondu 17 fois plus vite que la moyenne historique entre le 15 et le 21 mai au Groenland, résultat d’une vague de chaleur record. La France entend « réinvestir massivement dans les connaissances de ces écosystèmes », dans la tradition de l’explorateur Paul-Emile Victor, qui effectua de multiples expéditions sur l’île, souligne l’Elysée.
Les autorités groenlandaises ont récemment classé son refuge, le « camp de base des Expéditions polaires françaises » construit en 1950 dans la baie de Quervain (Nord), comme bâtiment historique.
Contrairement au Danemark, le Groenland ne fait pas partie de l’Union européenne, mais il est inscrit sur la liste des territoires d’outre-mer associés à l’UE. « Ce sera l’occasion d’évoquer la meilleure architecture possible, la meilleure place possible ou le meilleur schéma de coopération possible entre l’Union européenne et le Groenland », relève l’Elysée.
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Le Monde avec AFP
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