La Cour europénne des droits de l’homme (CEDH) n’a pas entièrement tranché. Si elle a renconnu jeudi que Caster Semenya, empêchée à participer à certaines courses en raison de son taux de testostérone, n’avait pas eu droit à un procès équitable, elle ne s’est pas prononcée sur la question centrale du traitement hormonal qui lui est imposé.
La Sud-africaine Caster Semenya a salué jeudi « un résultat positif » dans la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a reconnu qu’elle n’avait pas eu droit à un procès équitable mais n’a toutefois pas tranché la question centrale du traitement hormonal imposé à cette athlète hyperandrogène.
Si elle a condamné la Suisse pour violation du droit à un procès équitable, la Cour a en revanche déclaré irrecevables les griefs de Caster Semenya qui dénonçait des violations de ses droits au respect de la vie privée et à un recours effectif, et s’estimait victime de discrimination.
La Grande chambre de la Cour, sorte d’instance d’appel, estime en effet que l’athlète de 34 ans ne relevait pas de la juridiction de la Suisse en ce qui concerne ces griefs, s’écartant ainsi de l’arrêt de première instance rendu par la CEDH en 2023. La Sud-Africaine a néanmoins salué un « résultat positif », qui rappelle qu’il faut « protéger les athlètes ».
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« Tant qu’il y a de l’injustice, nous nous battrons »
« Nous devons respecter les athlètes, nous devons faire passer leurs droits en premier », a déclaré la double championne olympique, aux côtés de son équipe juridique. « Le combat n’est pas terminé », « tant qu’il y a de l’injustice, nous nous battrons », a-t-elle aussi prévenu, ses avocats expliquant qu’ils allaient maintenant examiner les suites possibles.
Double championne olympique (2012, 2016) et triple championne du monde (2009, 2011, 2017), Caster Semenya produit naturellement beaucoup d’hormones mâles (androgènes), susceptibles d’accroître la masse musculaire et d’améliorer les performances.
Depuis 2018, World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, impose aux athlètes hyperandrogènes de faire baisser leur taux de testostérone par un traitement hormonal pour pouvoir participer aux compétitions internationales dans la catégorie féminine. Ce que refuse Caster Semenya, privée ainsi de s’aligner en compétition sur sa distance fétiche.
80.000 euros de frais et dépens
Dans son arrêt de Grande chambre, la CEDH a rappelé que le respect du droit à un procès équitable, protégé par la Convention européenne des droits de l’homme, « exigeait un examen particulièrement rigoureux de sa cause ». Or, la cour a estimé que cela n’a pas été le cas de l’examen opéré par le tribunal fédéral suisse saisi par Caster Semenya pour contester la sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS). La Suisse doit verser à l’athlète 80.000 euros pour frais et dépens.
« Le jugement rendu aujourd’hui (jeudi) par la Cour confirme qu’à l’avenir, les athlètes et les sportifs ont droit à un examen rigoureux des affaires qui mettent en jeu leurs droits fondamentaux. Leur protection est essentielle. C’est un grand jour pour le sport et pour les athlètes du monde entier », a commenté Schona Jolly, avocate de la sud-Africaine.
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