Il aura représenté, à lui tout seul – à la fois comme comédien choisissant avec soin les personnages qu’il incarnait mais aussi comme réalisateur –, un certain cinéma américain, généreux, engagé, progressiste, romantique, un cinéma questionnant parfois, toujours avec douceur, les fondements mêmes de son identité. Il était également attaché à le changer, à promouvoir les nouveaux talents, à la recherche peut-être d’une utopie, au cœur et à côté d’Hollywood. Loin de la masculinité rugueuse et de la mélancolie conservatrice d’un Clint Eastwood ou de l’exubérance hédoniste et psychédélique d’un Jack Nicholson, il y avait Robert Redford. Il est mort dans sa demeure à Sundance (Utah), mardi 16 septembre, à l’âge de 89 ans, a annoncé son agent Cindi Berger, citée par le New York Times.
Robert Redford est né le 18 août 1936 à Santa Monica (Californie). Enfant et adolescent turbulent, il tenait de sa mère (qu’il perdra à l’âge de 19 ans) une érudition certaine et un goût forcené pour les arts. Il fait le désespoir de son père, plus conservateur, comptable à la Standard Oil, en esquivant les études, se faisant régulièrement renvoyer du lycée, puis de l’université, après avoir commis de petits délits ou en raison de la fréquence de ses états d’ivresse.
Echantillon parfait de cette jeunesse mal à l’aise dans l’Amérique petite-bourgeoise de l’après-guerre, une Amérique qui se croit sortie de l’histoire, le jeune Redford ressemble à un personnage issu d’un roman de Jack Kerouac, un de ses auteurs favoris. Il lit, en effet, beaucoup, écoute abondamment du jazz West Coast, peint et surtout voyage. Loin des Etats-Unis parfois. En 1956, il séjourne à Paris, où il étudie aux Beaux-Arts, puis à Florence, en Italie. Il est persuadé d’avoir trouvé sa voie dans la peinture. Son séjour en France le marquera profondément. Il déclarera : « Ma découverte de la France prégaulliste fut le début d’une conscience politique cohérente, car j’ai dû m’interroger sur la raison pour laquelle il était difficile, pour nous, Américains, de nous adapter à l’étranger. Mais j’ai aussi pris conscience de la puissance économique et culturelle de l’Amérique. »
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