Entre ces deux-là, futurs meilleurs ennemis, la tension commence à monter, doucement, dans le studio 3 de la maison de disques EMI. Pink Floyd investit ce lieu – au 3, Abbey Road, à Londres – à partir du mois de janvier 1975, pour y enregistrer son neuvième album, Wish You Were Here.
A cette date, le parolier-bassiste Roger Waters et le guitariste David Gilmour, tous deux chanteurs, se parlent encore et parviennent même à travailler ensemble. De fait, cet album apparaîtra comme le dernier ouvrage réellement collectif dans la discographie du groupe britannique. Le batteur Nick Mason, le pacificateur de la bande, a pourtant l’esprit ailleurs, préoccupé par la faillite de son couple. Son jeu, qui donne déjà l’impression d’être alangui sur le tempo, s’en ressent ; ses camarades ne se privent pas de le critiquer pour son côté « trop fleuri ». Il apprendra plus tard qu’il était sur un tabouret éjectable.
Une catastrophe d’une autre ampleur s’est abattue sur Pink Floyd : le succès. Le groupe que vénéraient jusqu’ici jalousement les amateurs, essentiellement européens (Allemands et Français en tête), d’odyssées psychédéliques est devenu la plus grosse machine à cash du rock business avec le triomphe de The Dark Side of the Moon,en 1973. Programmé sans discontinuer par les radios, le titre Money contenait une prophétie autoréalisatrice : « Nouvelle voiture, caviar, quatre-étoiles de rêve/Je pense que je vais m’acheter un club de foot ». En concert, le tube est logiquement illustré sur écran par des images de jets privés et de billets de banque.
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« Opération Gini »
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