Une école d’informatique a mis en place une initiation d’une semaine à destination des femmes de tout âge. Un cadre serein pour ces étudiantes de quelques jours qui veulent découvrir la programmation web.
Comme un poisson dans l’eau. Chaque été, l’école 42 accueille plusieurs centaines de curieux du monde de l’informatique, venus se confronter à l’épreuve de la Piscine. Un évènement régulier pour l’établissement fondé par Xavier Niel qui a lieu cinq fois par an.
Les candidats se confrontent à des exercices d’informatique complexes pendant un mois, dans un climat d’entraide, mais aussi de compétition. Les meilleurs à l’issue de cette Piscine intégreront les cursus scolaires très prisés de l’école 42, dès sa prochaine rentrée.
Mais en parallèle de la Piscine traditionnelle, existe la Piscine Discovery. Une semaine d’apprentissage strictement réservée aux femmes qui sont tentées de découvrir l’informatique, le temps de 5 jours. Ici, la pression n’est pas la même puisque l’objectif, à terme, n’est pas d’intégrer l’école.
Dans les nouveaux locaux de l’école 42, un immense open space est dédié à cette formation. Lors de cette semaine intense, une centaine de femmes, de tout âge et de tout horizon, apprennent la programmation web. Shell, HTML ou CSS, cette expérience dense constitue une première approche de la manière dont est façonné Internet.
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Un plongeon dans l’inconnu
Inesse, Asma et Saïna, elles, ont fait le grand plongeon. Ces trois étudiantes d’une vingtaine d’années n’étaient pourtant absolument pas familières avec le secteur du numérique. Après un Bac STMG, elles se sont orientées dans des études de communication ou d’économie et gestion avant que la programmation ne vienne piquer leur curiosité.
Qu’est-ce qui les a poussées à se lancer dans cette initiation? C’est par le biais de proches ou d’expériences personnelles que les jeunes femmes ont découvert l’informatique. « Mon frère faisait des études dans l’IA », explique par exemple Asma, à Tech&Co. Elle a alors commencé à prendre des cours sur OpenClassrooms, une formation à la programmation en ligne.
Saïna a de son côté commencé à s’intéresser au domaine après avoir programmé elle-même son portfolio dans le cadre de ses études. La Piscine Discovery, c’est Asma qui lui a suggéré d’y participer, ce qu’elle ne regrette pas.
Un peu plus loin dans la salle, Ivanne est concentrée sur ses lignes de code. L’ancienne institutrice a poussé les portes de l’école 42 avec le souhait de se reconvertir dans un métier technique, affirmant que dans cette branche, « l’informatique reste le plus abordable ». Avec cette première approche, la quarantenaire espère « gagner en technicité ».
Se former à la programmation lui ouvre l’opportunité d’exercer « un métier beaucoup plus calme » et « flexible ». Elle qui veut consacrer davantage de temps à ses enfants, le métier de professeure des écoles devenait trop chronophage et « très fatiguant nerveusement ». En s’investissant complètement dans cette nouvelle voie, elle voudrait, à terme, « travailler à son compte et créer des applications ».
Un milieu masculin
« Moi, je ne connaissais pas au lycée », affirme Asma en parlant de la programmation. Cette expérience de 5 jours change complètement le regard qu’avaient les jeunes femmes sur l’informatique.
« Milieu de mec », « pas fait pour les femmes », les à priori sont encore nombreux dans un secteur largement dominé par les hommes. « Ne va pas là-bas, il n’y a que des garçons! » Inesse affirme de son côté avoir été découragée par ses enseignants de seconde d’aller en STI2D (filière technologique où sont dispensés des cours d’informatique).
« Si je dis que je sais coder à un garçon, il va me dire ‘arrête de mentir!' », raconte Asma en rigolant . « Un peu comme quand une fille dit qu’elle joue aux jeux vidéo. »
Se retrouver entre femmes évite les clichés sexistes et instaure un climat de confiance. Comme beaucoup de volontaires qui participent à cette initiation, les trois étudiantes avaient « peur de subir des remarques » de la part d’hommes qui se sentiraient instinctivement plus qualifiés en informatique.
Inesse évoque même « une impression de gêner » lorsqu’elle se retrouve au milieu d’un groupe en majorité masculin. Le constat est partagé par Ivanne: « Ça fait peur d’entrer dans un milieu d’hommes », confie-t-elle.
En l’espace de quelques jours, cette formation aura suffi à convaincre les trois jeunes femmes de poursuivre dans le numérique. Deux d’entre elles envisagent même de « tenter la Piscine en septembre ». L’objectif sera ensuite de travailler dans la cybersécurité, dans l’intelligence artificielle ou de devenir développeuse.
« Plus de modèles féminins »
Ivanne, quant à elle, compte poursuivre dans le domaine et espère, un jour, créer ses propres pages web et applications. Elle rappelle la nécessité d’avoir des femmes dans le domaine, notamment pour éliminer tout biais dans le développement d’applications. « J’ai vu par exemple une appli pour le suivi des menstruations, je suis à peu près sûre que ce n’est pas un homme qui a développé ça », raconte la quarantenaire.
Elle insiste également sur la nécessité « d’avoir des modèles féminins« , souvent invisibilisées, au profit de leurs homologues masculins, très souvent médiatisés (et dont la figure de proue reste évidemment Elon Musk). « Les femmes dans la tech ne sont pas bruyantes, mais ce sont des têtes. »
Les Piscines Discorvery sont gratuites, et sont organisées lors des périodes de vacances scolaires. Les prochaines auront lieu les semaines du 13 et 20 octobre, et seront ouvertes à l’inscription aux plus de 16 ans dès la rentrée de septembre, sur le site de l’école 42.
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