Des Palestiniens déplacés vont chercher de l’eau à un point de distribution dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 10 juillet 2025. EYAD BABA / AFP
L’ONU a pu faire entrer mercredi environ 75 000 litres de carburant dans la bande de Gaza, « la première cargaison de ce type en cent trente jours », a annoncé, jeudi 10 juillet, Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général, notant que cette quantité était largement insuffisante pour faire face aux pénuries.
« Nos partenaires et nous avons besoin de centaines de milliers de litres de carburant chaque jour pour maintenir des opérations vitales et permettre de sauver des vies, ce qui veut dire que le volume entré hier n’est même pas suffisant pour couvrir un jour de besoin en énergie », a précisé M. Dujarric, avertissant que des services cruciaux allaient devoir « fermer si des volumes plus importants n’entrent pas dans la bande de Gaza immédiatement ».
De son côté, l’Union européenne (UE) a trouvé un accord avec Israël pour étendre l’aide humanitaire dans l’enclave, a fait savoir, jeudi, la cheffe de la diplomatie européenne. « Cet accord signifie que plus de points de passage seront ouverts, que plus de camions d’aide et de nourriture entreront », dans l’enclave, a assuré Kaja Kallas sur X.
Lire aussi la chronique de Jean-Pierre Filiu | Article réservé à nos abonnés « Hunger Games » à Gaza
« Nous comptons sur Israël pour mettre en œuvre toutes les mesures convenues », a-t-elle ajouté, précisant qu’elles entreraient en vigueur « dans les prochains jours ». Concrètement, l’accord prévoit une « augmentation substantielle du nombre de camions transportant quotidiennement des produits alimentaires et non alimentaires entrant à Gaza », ainsi que l’ouverture de « nouveaux points de passage » au nord et au sud du territoire, selon un communiqué.
Un rapport de la Commission européenne, présenté à la fin de juin aux ministres des affaires étrangères européens, estime qu’Israël a violé l’article 2 de son accord d’association avec l’Union européenne en matière de respect des droits de l’homme. Certains pays, dont l’Espagne, réclament en conséquence une suspension de cet accord, au moins en partie, mais d’autres s’y opposent. L’accord conclu avec Israël sur l’aide humanitaire, et annoncé jeudi par Mme Kallas, devrait permettre aux pays européens les plus proches d’Israël de repousser toute discussion sur d’éventuelles sanctions.
Table des matières
Plus de 60 morts jeudi
Le territoire palestinien, dévasté par plus de vingt et un mois de guerre, est en proie à une grave crise humanitaire, tandis que les bombardements se poursuivent. Rien que jeudi, 66 Palestiniens sont morts dans des frappes et des tirs israéliens, a annoncé la défense civile de la bande de Gaza. Un raid aérien a touché un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir Al-Balah, dans le centre de l’enclave, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Mohammad Al-Moughaïr, un responsable des secouristes. Parmi les 17 victimes figurent au moins huit enfants, a-t-il précisé.
L’armée israélienne a déclaré à l’AFP avoir ciblé à Deir Al-Balah un membre de la Noukhba, une unité d’élite du mouvement islamiste Hamas, ayant participé selon elle « au massacre du 7 octobre » 2023, à l’origine de la guerre à Gaza. Elle a dit regretter « tout dommage causé à des personnes non impliquées » et œuvrer « autant que possible à limiter les atteintes aux civils ».
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
La clinique de Deir Al-Balah est gérée par l’ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants. « Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l’on traite la malnutrition », a commenté dans un communiqué le responsable de l’ONG, Rabih Torbay. « Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu’elles faisaient la queue en attendant l’ouverture des portes », a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.
L’armée israélienne n’a pas commenté les autres incidents rapportés par la défense civile, dont l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans, compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza. Plus de 57 680 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes, selon des données du ministère de la santé, administrée par le Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Lire aussi | Gaza : le Hamas dit avoir accepté de libérer dix otages en cas d’accord sur une trêve
Les négociations se poursuivent à Doha
Dans le même temps, les négociations indirectes relancées entre Israël et le Hamas se poursuivent à Doha (Qatar). Le mouvement islamiste a affirmé, mercredi soir, avoir accepté de libérer dix otages, assurant vouloir « surmonter les obstacles » afin de parvenir à un accord de trêve. Sur 251 personnes enlevées en Israël durant l’attaque du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 22 sont toujours vivantes, selon l’armée israélienne.
En marge d’une réunion des pays de l’Asie du Sud-Est à Kuala Lumpur, jeudi, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a montré un optimisme prudent sur la conclusion d’un cessez-le-feu. « Nous avons bon espoir. Je veux dire qu’en fin de compte, nous espérons qu’ils passeront à des pourparlers de proximité », a-t-il déclaré à la presse. Il a cependant mis en garde : « Nous avons déjà vu des négociations échouer à ce stade des pourparlers. » « Nous reconnaissons aussi qu’il y a encore des défis à relever », a-t-il ajouté. Il a notamment cité « le refus du Hamas de désarmer, ce qui mettrait fin à ce conflit immédiatement ».
Le président américain, Donald Trump, avait déjà déclaré, mardi, à Fox Business Network, après avoir rencontré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyah, lundi et mardi à Washington : « Oui, je pense que nous nous rapprochons d’un accord. Je pense qu’il y a de bonnes chances que nous l’obtenions. »
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Washington, Benyamin Nétanyahou entretient l’incertitude sur la possibilité d’une trêve à Gaza
Le Monde avec AFP
No comment yet, add your voice below!