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« 25 à 30% de notre chiffre d’affaires »: pourquoi les droits de douane de Trump menacent les fabricants d’instruments de musique français

Conséquence des droits de douane, les achats d’instruments de musique français sur le marché américain reculent depuis quelques semaines. Les professionnels craignent des répercussions sur l’emploi.

Clarinettes, harpes, étuis: plusieurs fabricants français d’instruments de musique, touchés par les droits de douane à 15% imposés par les États-Unis sur les produits européens, s’inquiètent pour l’emploi et le maintien de leur savoir-faire.

« Pour nous, le marché américain est absolument essentiel, c’est 25% de notre chiffre d’affaire », témoigne Jakez François, à la tête des harpes Camac (50 employés), fabriquées en Loire-Atlantique.

La situation est « préoccupante », assure-t-il, pour les carnets de commandes de ses harpes classiques, vendues entre 3.000 et 4.000 euros, et de ses harpes celtiques (15.000 à 30.000 euros). Depuis le 7 août et l’application de l’accord commercial signé fin juillet entre Bruxelles et Washington, la filière, comme d’autres, est assujettie à des droits de douanes à un taux de 15%, bien plus élevé que les taux précédents (quasi-nuls ou inférieurs à 5%).

Une baisse des achats « de 15 à 20% » aux États-Unis

Les États-Unis sont aussi le premier marché de l’artisan luthier Buffet-Crampon, près de 1.000 employés et mondialement connu dans la musique. C’est « environ 30% de notre chiffre d’affaire annuel » (100 millions d’euros), souligne Jérôme Perrod, président de cette maison spécialisée dans les clarinettes, hautbois ou trompettes. Ses instruments haut de gamme professionnels sont fabriqués en France ou en Allemagne et les instruments d’étude en Chine.

Le fabricant – qui propose des clarinettes professionnelles entre 3.000 et 8.000 euros (jusqu’à près de 27.000 euros pour une contralto) – s’attend à une baisse des volumes de vente. Professionnels, magasins d’instruments d’étude pour les élèves, loueurs américains « vont retarder leurs achats ou utiliser leurs instruments actuels sur une plus longue durée », selon lui. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, il observe déjà « une baisse de 15 à 20% » des achats aux États-Unis, où l’étude de la musique est très répandue pour les enfants entre 9 et 12 ans, rappelle-t-il.

Un dollar faible qui n’arrange rien

Double peine, cette mesure douanière s’ajoute à la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. « En combinant les deux, les prix de nos harpes augmentent de 22% », relève Jakez François. Coup dur, alors que ses principaux concurrents se trouvent justement aux États-Unis. S’agissant des clarinettes, les États-Unis « ne fabriquent pas ce genre d’instruments », ce qui fait que selon Jérôme Perrod le pays n’en tirera pas d’avantages.

La taxe Trump « une très mauvaise nouvelle pour les fabricants français », s’est aussi alarmée dans un communiqué la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI, artisans et distributeurs). Outre la fabrication des harpes et les instruments à vent, la France est aussi réputée pour certains accessoires (becs et anches, cordes et étuis), entre autres. Le marché américain, premier marché d’instruments de musique dans le monde, « représente entre 5 à 40% du chiffre d’affaire » de ces fabricants, précise Fanny Reyre Ménard, présidente de la CSFI.

Plus d’un milliard d’euros de chiffres d’affaires pour la filière française en 2023

En 2023, la filière instrumentale en France représentait 2.400 entreprises, 6.500 personnes, avec un chiffre d’affaires cumulé des entreprises, toutes activités confondues s’élevant à 1,1 milliard d’euros, selon des données de la chambre syndicale. À la clé, ce sont donc des menaces pour l’emploi. Buffet-Crampon a dû mettre en place en juin des mesures de chômage partiel en France et en Allemagne (réduction du temps de travail de 10 à 20%).

Jerôme Perrod anticipe « le départ progressif d’une partie de son personnel », qui ne sera pas renouvelé, soit « une centaine de personnes dans les 18 mois qui viennent » sur ses sites français, allemand et chinois. Ce sont « des savoir-faire uniques demandant des années de formation, appréciés par des grands professionnels, qu’on risque de perdre pour une histoire de droits », s’inquiète Laurent Munerot, vice-président de l’U2P, syndicat patronal qui représente la filière. Une mesure d’exemption est-elle envisageable?

« On espère des discussions avec les États-Unis », indique-t-il.

À moins que la donne ne change: la semaine dernière, une cour d’appel fédérale américaine a statué qu’une grande partie des droits de douane imposés par Donald Trump étaient illégaux. Ce dernier a demandé à la Cour suprême de trancher rapidement.

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