L’AS Monaco accueille le Paris FC ce samedi à 19 heures. Propriétaire du Cercle Bruges depuis 2017, le club de la Principauté s’est inspiré de la galaxie Red Bull pour faire fonctionner sa multipropriété. Un virage à 180 degrés a été opéré, l’époque où 10 Monégasques étaient prêtés à Bruges est révolue.
Ils ne sont que deux Monégasques cette saison dans l’effectif du Cercle Bruges : Valy Konaté (19 ans, arrivé à l’ASM en janvier 2025 de Côte d’Ivoire) et Edan Diop (21 ans, freiné par les blessures après une éclosion précoce sur le Rocher). “Je n’étais pas dans les petits papiers à Monaco, se souvient le petit frère de Sofiane. Thiago (Scuro, le directeur général) m’a parlé du Cercle. J’ai discuté avec le coach, il m’a expliqué son plan de jeu et je n’ai pas hésité du tout à venir.” Avec déjà 13 apparitions au compteur cette saison, le milieu lancé par Philippe Clément, face à Leverkusen en février 2023 en Ligue Europa, se refait la cerise chez les “Groen-Zwart” (vert et noir).
 “Peu de joueurs avec ce talent peuvent rejoindre notre équipe”
“Ça me permet de montrer mon talent et de rester proche de Monaco, admet Edan Diop. Je reste en contact avec le club, les analystes vidéos notamment, et quand j’y retournerai à Monaco, ce sera peut-être pour m’imposer.” Klaas Reynaert, CEO du Cercle voit cette multipropriété comme une opportunité de renforcer son effectif : “Peu de joueurs avec ce talent peuvent rejoindre notre équipe, c’est une valeur ajoutée. De l’autre côté on sait aussi ce qu’on peut lui apporter. Luciano Murchio, notre Directeur Technique, lui a présenté le projet avec l’entraîneur. Son plan pour lui et ça s’est fait pendant notre stage estival de préparation à Monaco.” Un rendez-vous annuel inamovible ponctué par une rencontre amicale entre les professionnels. Les équipes réservent s’affrontent aussi généralement plusieurs fois par saison.
Le Cercle n’est plus la réserve de l’AS Monaco
Trop peu satisfaisante, la stratégie de prêter 10 jeunes monégasques à Bruges, comme ce fut le cas en 2018-2019, a cessé. “On ne se sert pas du Cercle pour rattraper des potentielles erreurs faites à Monaco ou régler nos problèmes, explique Thiago Scuro le DG de l’ASM. On utilise cette connexion pour qu’il y ait un impact positif dans les deux clubs.” Son homologue belge Klaas Reynaert poursuit : “C’est quand les pièces du puzzle sont adaptées au nôtre que nous pouvons apporter au joueur. Ce n’est pas simplement les joueurs que Monaco ne peut pas utiliser qui doivent venir et après on s’adapte. Nous investissons aussi dans nos propres talents. Ces dernières années, nous avons vendu des joueurs à Toulouse (Yann Gboho et Abu Francis pour environ 2,5 millions chacun) mais aussi en MLS notre vente record avec Kevin Denkey (au FC Cincinnati pour 15 millions).” Une stratégie impulsée en 2020 par son directeur sportif, Carlos Avina, devenu depuis directeur technique de l’ASM.
Dmitri Rybolovlev et l’ASM ont acquis le Cercle en 2017 quand il était en deuxième division. “Près de la banqueroute, concède Reynaert. Et nous étions en huitième de finale de Conférence League la saison passée.” Une réussite sportive au-delà des belles ventes, mais rares sont les joueurs passés par la Pro League à s’être imposé à Monaco : “Félix Lemaréchal (vendu 8 millions à Strasbourg après un prêt fructueux) y a trouvé une opportunité pour se développer en jouant régulièrement en professionnel, rappelle Scuro. On peut citer également Paris Brunner ou Radek Majecki qui y sont passés avant de jouer chez nous.” Strahinja Pavlovic, barré à Monaco, s’était lui relancé en Belgique avant d’être cédé pour 9 millions au RB Salzbourg… un club symbole de la multipropriété.
Comme au PFC, on s’appuie sur le savoir-faire de Red Bull
Comme Paul Mitchell avant lui, le dirigeant monégasque Thiago Scuro est passé par l’univers Red Bull et s’en inspire : “Avoir l’expérience de travailler dans cette structure de plusieurs clubs qui est, sans aucun doute jusqu’ici, celle qui réussit le mieux est un avantage. C’était aussi l’une des principales motivations pour moi d’avoir l’opportunité d’être dans un club comme Monaco, pour appliquer des idées similaires avec le Cercle en utilisant cette synergie potentielle.” Son homologue Klaas Reynaert définit leur collaboration : “Nous décidons ensemble de la vision et de la stratégie, mais la gestion quotidienne appartient au Cercle. Nous sommes libres de gérer ce club mais il y a des connexions fortes. Chaque semaine par exemple, j’ai un meeting avec Thiago Scuro, pour s’assurer qu’on soit alignés. Parfois, c’est une demi-heure, parfois, ça prend seulement 5 minutes quand tout va bien.”
L’indépendance des clubs est primordiale reconnaît Scuro : “Nous ne voulons pas trop contrôler excessivement le Cercle. Nous respectons beaucoup la tradition du club, l’histoire, les gens en place. Le but est de créer des conditions pour qu’ils soient forts et en réussite.” En ce sens, un centre d’entraînement dernier cri à 10 millions d’euros va sortir de terre à Bruges. Le Cercle veut y installer ses bureaux dès 2026 et les terrains devraient être prêts pour la saison 2027-2028. “Nous avons une bonne connexion entre les départements de la performance, du médical, du recrutement… Les entraîneurs échangent également parfois au sujet d’idées et de méthodologie, conclut Thiago Scuro. On veut appliquer les mêmes principes de jeu pour qu’il y ait une adaptation naturelle. Ainsi, le Cercle peut être le chemin pour que des joueurs se développent et performant ensuite à Monaco.”
Maxime Tilliette à Bruges et Monaco
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