Les parents de l’adolescente morte poignardée dans un lycée de Nantes ont pris la parole sur l’antenne de France Inter et demande de faire de la question de la santé mentale une priorité pour les jeunes plutôt que de faire des établissements scolaires des boîtes hermétiques ultra sécurisées.
C’était un acte d’une violence inouïe. Le 24 avril dernier, un adolescent de 16 ans poignarde quatre de ses camarades dans son lycée de Nantes. Masqué et muni d’un couteau de chasse, il tue Lorène de 57 coups de couteau, avant de s’en prendre à trois autres lycéens et d’être maîtrisé par le corps enseignant.
Le jeune assaillant a été placé en soins psychiatriques à la suite de son acte. Depuis, les parents de Lorène mènent un combat pour alerter sur la question de la santé mentale. Plus de quatre mois après la mort de leur fille, ils se sont exprimés au micro de France Inter ce mardi 2 septembre.
Son père évoque une « journée bascule ». « On n’a pas de mots pour exprimer la douleur qu’on ressent face à la perte de Lorène », explique-t-il. « On ne peut pas vivre en imaginant que cela puisse nous arriver », ajoute la mère de l’adolescente. « Pendant 48 heures, j’ai juste dit une seule chose, que ce n’était pas possible. Et au final, il faut rebondir. »
Un besoin de prise en charge de la santé mentale
Rebondir malgré la douleur, c’est ce que le couple a fait. Rapidement après la mort de leur fille, ils ont décidé d’agir pour elle, mais aussi pour les autres victimes de l’attaque et les enfants qui ont assisté à la scène.
Si les parents de Lorène ne souhaitent « jamais s’exprimer sur l’agresseur », ils prennent la parole quant aux besoins de « mettre en œuvre les outils développés par la psychologie » et de « faire de la prévention ».
Décrite comme une jeune femme « vive » et qui « détestait l’injustice » par ses parents, Lorène « croyait qu’on avait tous la possibilité de faire avancer les choses à notre échelle ». Alors, comme elle, ses parents souhaitent agir.
« On a toujours fonctionné en attendant la possibilité d’être pris en charge pour sa santé mentale, mais ça bloque. Ce qui s’est passé n’aurait pas dû se passer », insiste sa mère sur France Inter.
Et de répéter, notamment pour les politiques: « la question de la santé mentale est prioritaire ».
Aucun mobile n’a été retenu pour expliquer l’acte du lycéen suspecté d’être l’auteur des coups de couteau. Seule sa personnalité, son côté « extrêmement solitaire », et sa santé mentale ont été mis en lumière dans cette affaire. Son état de santé a été jugé incompatible avec une garde à vue.
« On ne peut pas construire une société sur la suspicion envers les jeunes »
Alors que cette rentrée 2025/2026 a été placée sous le signe de la sécurité, avec notamment l’instauration de nouveaux portiques pour contrôler l’accès des élèves, les parents de Lorène regrettent ainsi que le problème a été pris sous cet angle par les autorités.
« On pense qu’on ne peut pas construire une société sur la suspicion envers les jeunes. Ce n’est pas une logique correcte. (…) Les jeunes ont besoin qu’on leur fasse confiance. Ce n’est pas en les empêchant d’agir que cela va fonctionner. Ils pourront toujours agresser ailleurs s’ils ont envie d’agresser, mais la question c’est pourquoi ils ont envie d’agresser. »
« La question c’est pourquoi ils n’ont pas trouvé avant quelqu’un qui puisse les aider avant qu’ils en arrivent là. »
Preuve qu' »on peut faire confiance aux jeunes pour créer de belles choses », les lycéens et camarades de Lorène ont créé en six semaines seulement une course solidaire en hommage à la jeune fille. Plus de 80.000 euros ont été récoltés, une initiative que saluent chaleureusement les deux parents. L’argent sera reversé à des « structures pour l’aide psychologique à l’enfance ». Une association « Effervescence jeunes » a été montée et permettra notamment de choisir les structures qui ont été retenues.
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