Madeleine Leguedey chez elle, à Versailles, le 23 juin 2025. JACQUES POSTEL
Madeleine Leguedey n’oubliera jamais cette farandole endiablée, devant la grille d’honneur du château de Versailles. Il faisait si beau, ce matin du samedi 14 juillet 1945. Avec ses copains Yves, Bernard, Gilberte, Denise et Alain, l’adolescente avait tourné et zigzagué jusqu’à en perdre haleine. Accélérant la cadence, les garçons entraînaient les filles, dont les robes évasées virevoltaient de plus belle.
Qu’est-ce qu’ils avaient ri ! « Oh oui, c’est vrai, on riait tout le temps. Je me souviens bien de cette merveilleuse journée. Notre petite bande s’amusait pour un rien. On se sentait tellement libres, vous comprenez ? » Bien sûr, on comprend. Ce 14-Juillet est le premier depuis la capitulation nazie signée le 8 mai 1945, la guerre est enfin achevée en Europe. Multipliant les superlatifs, la presse de 1945 évoque, au choix, « le 14-Juillet de la paix », « le 14-Juillet de la victoire » ou, plus patriote, « le 14-Juillet de France ».
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La ministre de la justice américaine, Pam Bondi, lors d’une audience au Capitole, à Washington, le 25 juin 2025. NATHAN HOWARD/REUTERS
Un spectre a plané le 11 et le 12 juillet sur la jeunesse MAGA (Make America Great Again) rassemblée à Tampa, en Floride, autour du polémiste conservateur Charlie Kirk, fondateur du mouvement Turning Point USA, et qui s’est fait un nom par son activisme dans les universités. Celui de Jeffrey Epstein, le financier retrouvé mort en 2019 dans sa cellule, où l’avaient conduit des accusations de pédocriminalité.
Après avoir échafaudé des années durant des théories aux accents complotistes dénonçant l’opacité qu’entretiendrait autour de cette affaire un « Etat profond », et l’impunité supposée de puissants, une partie des influenceurs MAGA a réagi brutalement à la publication d’un mémorandum lapidaire, lundi 7 juillet, par le département de la justice. Il concluait à l’absence de preuves attestant d’un chantage de Jeffrey Epstein contre des personnalités influentes pouvant être compromises dans son réseau d’exploitation sexuelle d’adolescentes. Le mémorandum niait également l’existence d’une « liste de clients » de Jeffrey Epstein, et confirmait la thèse d’un suicide en prison.
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Après l’orage, une pluie d’échanges. Après un samedi soir marqué par une virulente tempête, qui a précipité la fin des festivités, intervenants et spectateurs étaient bien de retour, revigorés, pour la dernière journée du Festival international de journalisme 2025, dimanche 13 juillet.
L’événement organisé par le Groupe Le Monde (Le Monde, Courrier international, le HuffPost, Télérama et La Vie) et L’Obs, qui se tient chaque année à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), un village de 360 habitants en bord de fleuve, a rassemblé 9 500 personnes sur trois jours.
Au milieu des 250 conférences, ateliers ou spectacles, il a fait la part belle aux rencontres avec des non-francophones : en témoignent celles de dimanche avec Ann Telnaes, dessinatrice de presse américaine, qui a démissionné en janvier du Washington Post à la suite de la censure de l’un de ses dessins, et l’activiste canado-américain Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd.
Paul Watson répond aux questions de la « P’tite Rédac’ », lors du Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), le 13 juillet 2025. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
L’un des fils rouges du festival a donné la parole à des journalistes étrangers, mais qui travaillent depuis la France. Lors des rencontres quotidiennes du « club des correspondants », menées par Courrier international, ils ont abordé leur vision du concept très français d’outre-mer, ou de la figure diplomatique d’Emmanuel Macron.
« Un certain immobilisme »
Après l’idylle de 2017, quand les médias allemands le présentaient comme « une rock star qui libérait l’Europe des nationalismes », selon Annika Joeres, correspondante de Die Zeit en France, les médias européens ont ensuite souligné sa volonté parfois caricaturale de se présenter en diplomate en chef de l’Europe. « Macron parle souvent au nom des Européens mais on se demande à quel titre il peut le faire, et ce n’est pas suivi par des résultats tangibles », estime Stefano Montefiori, correspondant à Paris du Corriere della Sera, premier journal italien. « Sa ligne diplomatique reste le seul sujet où il est assez populaire, ajoute Paul Ackermann, correspondant à Paris du quotidien suisse LeTemps. Mais personne n’écoute car il paie la faiblesse du poids de la France et de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui. »
Dimanche, leur regard était interrogé sur les violences sexistes et sexuelles, dans la suite des nombreuses affaires (Depardieu, Pelicot, Bétharram, Le Scouarnec) qui ont été couvertes par des médias du monde entier. « Il y a une libération de la parole qui a été plus grande en France qu’ailleurs en Europe », en Suisse ou en Allemagne, estime Paul Ackermann. Pendant longtemps, « il y a eu énormément d’impunité sur le sujet en France, qui est un pays conservateur qui a mis beaucoup de temps à se réveiller », juge de son côté Adeline Percept, journaliste à la RTBF.
Les journalistes Paul Ackermann et Adeline Percept, lors de la conférence « Le club des correspondants : la France face aux violences sexuelles et sexistes » du Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), le 13 juillet 2025. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR LE MONDE
Ces correspondants ont aussi pu décrire la vie politique hexagonale, et les crises qui traversent notre société. « Je remarque un certain immobilisme dans la politique française, on ne va pas arriver maintenant à régler des problèmes qui durent depuis des dizaines d’années, juge Stefano Montefiori. On a l’impression qu’on attend 2027. »
Une « convention citoyenne »
La politique était d’ailleurs l’objet de l’une des thématiques du festival, qui a beaucoup attiré : « Faut-il changer de République ? » Lors des conférences de ce cycle, comme lors des débats évoquant l’Amérique de Donald Trump, ou des rencontres avec des journalistes racontant leurs enquêtes, tel Fabrice Arfi de Mediapart, il était fréquent de ne pas pouvoir trouver de siège, ni même de botte de paille, pour s’asseoir au milieu des jardins et des champs du village.
La thématique politique a notamment questionné la désaffection des Français envers cette matière. « Je ne crois pas qu’il y ait un désintérêt politique mais un problème avec l’élection et la représentation, a développé Bastien François, professeur de sciences politiques à l’université Paris-I. On n’a jamais vu de tels niveaux de défiance en vingt ans, et il y a une tendance récente qui est que les abstentionnistes viennent davantage qu’avant des catégories supérieures et cultivées. »
Des ateliers menés durant trois jours avec des festivaliers intéressés par le sujet, rassemblés dans une « convention citoyenne », ont abouti dimanche à la présentation de propositions pour repenser les institutions, en tenant compte de l’ensemble de la société.
Salhia Brakhlia, Laélia Véron et Thomas Snégaroff lors de la conférence « Peut-on encore débattre ? » du Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), le 13 juillet 2025. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Renouer le dialogue entre l’ensemble des Français est d’ailleurs la question qui a le plus parcouru cette édition du festival. Dans une France divisée, peut-on encore débattre ? Salhia Brakhlia et Thomas Snégaroff, journalistes audiovisuels habitués aux débats, se sont inquiétés de la multiplication des hommes et femmes politiques qui remettent en question la crédibilité des journalistes, alors même qu’ils les confrontent à des faits avérés.
Ils ont aussi expliqué la manière dont ils tentent d’éviter le clash, omniprésent sur les chaînes d’information en continu, notamment lorsqu’ils composent leurs plateaux d’invités. « Le clash est un débat stérile, qui ne produit rien. J’essaie de créer une conversation apaisée, comme un dîner dont je serais l’hôte, explique Thomas Snégaroff. Mais attention, la conflictualité peut être porteuse de progrès ! »
Lors de la conférence « Peut-on encore débattre ? » du Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), le 13 juillet 2025. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Là aussi, le public était nombreux, mais bien conscient qu’il est plus facile de débattre dans un certain entre-soi, avec un public à l’âge moyen assez avancé et aux sensibilités souvent à gauche. « Vous prêchez devant une population déjà convertie, il n’y a pas vraiment de contradicteurs », lance un festivalier aux intervenants de cette table ronde sur le thème du débat. Réponse du tac au tac de Laélia Véron, linguiste et chroniqueuse sur Radio Nova : « Vous êtes venu écouter un débat et pas un clash, c’est peut-être pour ça que vous êtes venu aussi. »
Des participants au Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), le 13 juillet 2025. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Météo-France estime que le risque de feux de forêt est important dans une quinzaine de départements ce mardi 15 et ce mercredi 16 juillet.
Entre les températures estivales de ce début de semaine et le manque de précipitations, Météo-France alerte sur des risques d’incendie dans les massifs forestier d’une quinzaine de départements.
Les prévisionnistes ont placé dix départements en vigilance orange ce mardi 15 juillet. Il s’agit de la Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire, de la Sarthe, du Loir-et-Cher, de l’Indre, de la Vienne, et des Deux-Sèvres ainsi que du Var, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.
Lorsque le niveau de représentation du danger atteint l’orange, les conditions météorologiques aggravent significativement le risque de départ et de propagation de feux de forêt et de végétation comparativement aux normales estivales. Le risque de feux peut être localement très élevé.
Jusqu’à 70 km/h de mistral
Var, Vaucluse et Bouches-du-Rhône connaîtront ce mercredi des rafales de mistral importantes pouvant atteindre 70 km/h. Météo-France a décidé de les placer en vigilance rouge.
« Les conditions météorologiques rendent le risque de départ et de propagation de feux de forêt et de végétation très élevé comparativement aux normales estivales », précisent les prévisionnistes.
Le ministre allemand de la Défense a insisté sur le fait que « les troupes allemandes seraient prêtes à tuer des soldats russes en cas d’attaque de Moscou contre un membre de l’Otan »
Guerre en Ukraine: pour Adina Revol, ancienne porte-parole de la Commission européenne en France, « il faut assécher les entrées économiques de la Russie »
L’Italien Jannik Sinner reçoit le trophée récompensant le vainqueur du simple messieurs de Wimbledon, après sa victoire contre Carlos Alcaraz, dimanche 13 juillet 2025, à Londres. KIRILL KUDRYAVTSEV/AFP
La « machine » a dompté l’« artiste ». Impressionnant de puissance, Jannik Sinner a battu Carlos Alcaraz en quatre sets (4-6, 6-4, 6-4, 6-4), dimanche 13 juillet, en finale de Wimbledon. C’est le quatrième tournoi du Grand Chelem que remporte l’Italien, après l’Open d’Australie, en 2024 et en 2025, et l’US Open en 2024. Plus régulier que son adversaire, il a déjoué les pronostics, car l’Espagnol, qui restait sur 24 victoires de rang et avait les faveurs du public londonien, était le favori de ce match.
Jannik Sinner prend surtout sa revanche après sa défaite le 8 juin en finale de Roland-Garros, lors de laquelle Carlos Alcaraz avait effacé trois balles de match. Un revers après cinq heures et vingt-neuf minutes d’un combat intense dont l’issue aurait pu le marquer psychologiquement. Mais il n’en a rien été. Le numéro un mondial est le premier vainqueur italien de Wimbledon, hommes et femmes confondus.En dépit du résultat du jour, Carlos Alcaraz, qui fait à 22 ans l’amère expérience de la défaite en finale d’un Majeur, mène toujours par huit victoires à cinq dans leurs face-à-face.
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Le président nigérian Muhammadu Buhari, au siège de l’ONU à New York, le 19 septembre 2017. SHANNON STAPLETON/REUTERS
Dictateur militaire au début des années 1980, Muhammadu Buhari est revenu au pouvoir trente ans plus tard, comme président élu du Nigeria en 2015, réélu en 2019. Mué en un démocrate au discours ferme et promettant le changement, ce général à la retraite réputé incorruptible et sévère a ravivé un temps l’espoir d’un miracle économique nigérian conjugué à une victoire sur le groupe djihadiste Boko Haram, au nord-est du pays.
Le septuagénaire fragilisé par la maladie n’est pas parvenu à réaliser son rêve de transformer le pays le plus peuplé d’Afrique en un Etat prospère et pacifié inspirant tout le continent. Il est mort dimanche 13 juillet, à l’âge de 82 ans. « La famille de l’ancien président a annoncé le décès de Muhammadu Buhari cet après-midi dans une clinique à Londres », a annoncé sur les réseaux sociaux Garba Shehu, qui fut son porte-parole durant sa présidence (2015-2023).
Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans l’actuel Etat de Katsina, près de la frontière avec le Niger, Muhammadu Buhari a grandi parmi 23 frères et sœurs dans le nord du Nigeria bientôt unifié mais encore administré « indirectement » (indirect rule)par le colonisateur britannique. Son père, un notable fulani, meurt dans les premières années de sa vie. Il est élevé par sa mère haoussa dans ce Nord musulman, rural et commerçant dominé par de grandes familles patriciennes à l’histoire séculaire de conquêtes et de djihads, de voyages et d’érudition.
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