La Cour suprême israélienne décide que le chef du Shin Bet restera en poste jusqu’à « une décision ultérieure »

Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, à Jérusalem, le 13 mai 2024. GIL COHEN-MAGEN / AFP

La Cour suprême israélienne a appelé, mardi 8 avril au soir, le gouvernement et la procureure générale à trouver un compromis autour du limogeage du chef du Shin Bet, le service de renseignement intérieur, Ronen Bar, à l’issue d’une longue journée d’audience sur la légalité de cette décision contestée.

Lire aussi | En direct, guerre à Gaza : Israël ordonne la fermeture de plusieurs écoles de l’UNRWA dans Jérusalem-Est d’ici à trente jours, selon l’agence de l’ONU

« Nous vous donnons jusqu’à après Pessah [la Pâque juive, qui s’achève le 19 avril,] pour trouver un compromis créatif » avant que la Cour ne tranche, a déclaré son président, le juge Yitzhak Amit, en renvoyant l’audience.

L’audience entamée en début de matinée pour examiner les recours contre le limogeage de M. Bar à la tête du Shin Bet a d’abord été marquée par des altercations entre partisans et opposants du gouvernement qui ont conduit à l’expulsion du public de la salle, avant que les débats, retransmis en direct en vidéo, ne reprennent à huis clos.

Au risque de raviver les divisions d’une société israélienne très polarisée, le gouvernement du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a décidé le 21 mars de limoger M. Bar, en qui le premier ministre israélien dit avoir perdu toute confiance.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Israël : grande confusion autour du futur chef du Shin Bet, nommé par Benyamin Nétanyahou puis rapidement désavoué

Saisie de cinq recours dans les heures ayant suivi cette annonce, la Cour suprême israélienne en avait ordonné la suspension le jour même, décision qu’elle a confirmée, mardi, dans un arrêt. « Ronen Bar, le chef du Shin Bet, continuera à exercer ses fonctions jusqu’à ce qu’une décision ultérieure soit prise », a fait savoir la Cour, autorisant toutefois le gouvernement à auditionner des candidats à sa succession, mais interdisant toute « annonce de nomination ».

Une décision « étrange » pour Benyamin Nétanyahou

Benyamin Nétanyahou a qualifié d’« étrange » cette décision. Le gouvernement avait décidé de mettre un terme au mandat de M. Bar au plus tard le 10 avril. Le limogeage de M. Bar est contesté notamment par l’opposition, qui y voit le signe d’une dérive autocratique du pouvoir, et par la procureure générale de l’Etat.

« La décision de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet est fondamentalement viciée, entachée d’un conflit d’intérêts personnel du premier ministre en raison des enquêtes criminelles concernant ses proches, et conduira » à politiser la fonction, a déclaré la procureure générale d’Israël, Gali Baharav-Miara, dans un communiqué publié vendredi en même temps que l’avis détaillé qu’elle a transmis à la Cour suprême.

M. Nétanyahou affirme pour sa part que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet, à qui il reproche l’échec à empêcher l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas ayant déclenché la guerre en cours, le 7 octobre 2023. L’avocat du gouvernement, Zion Amir, un ténor du barreau, a dénoncé des « recours purement politiques ».

« Conflit d’intérêts »

Dans une lettre à la Cour suprême, M. Bar estime, lui, que les raisons de son licenciement sont plus liées au fait qu’il a tenu tête à M. Nétanyahou plutôt qu’à ses compétences, et accuse le chef du gouvernement d’avoir cherché à l’utiliser pour retarder son propre procès en corruption, ce que M. Nétanyahou a qualifié de « mensonges ».

Newsletter

« A la une »

Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »

S’inscrire

Tomer Naor, du Mouvement pour la probité du pouvoir, qui a déposé un des recours, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), en marge de l’audience, que son association avait demandé à la cour de « rappeler que Ronen Bar est le chef du Shin Bet et responsable de l’enquête sur le “Qatargate” », une affaire dans laquelle sont impliqués des proches de M. Nétanyahou.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Qatargate », le scandale qui menace Nétanyahou

La juge Daphné Barak-Erez, une des trois magistrats siégeant dans cette affaire, a proposé à la fin de l’audience de reporter le renvoi de M. Bar à la fin de l’enquête sur le « Qatargate » afin de mettre fin au « conflit d’intérêts », ce à quoi Me Amir a rétorqué que c’était « un dangereux message ». « Chacun au Shin Bet saura que pour rester en place, il suffit d’ouvrir une enquête », a dit l’avocat, un argument repris par M. Nétanyahou dans son communiqué.

Les décisions prises par le gouvernement Nétanyahou en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d’engager une procédure de destitution contre la procureure générale du pays et de reprendre la guerre à Gaza après deux mois de trêve, ont relancé la contestation contre l’exécutif, accusé par l’opposition de dérive dictatoriale.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Tel-Aviv, les manifestations du samedi agrègent les colères contre Benyamin Nétanyahou

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Source

Une ministre palestinienne salue l’intention de la France de reconnaître l’Etat palestinien

La ministre palestinienne aux Affaires étrangères a salué la déclaration d’Emmanuel Macron sur une possible reconnaissance de l’Etat palestinien dans les prochains mois.

Une ministre palestinienne a salué, ce mercredi 9 avril, l’annonce du président français Emmanuel Macron selon laquelle Paris pourrait reconnaître l’Etat palestinien en juin.

La reconnaissance par la France de l’Etat palestinien « serait un pas dans la bonne direction, conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux Etats », a déclaré Varsen Aghabekian Shahin, ministre d’Etat aux Affaires étrangères.

Vers une solution à deux États

Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître un Etat palestinien à l’occasion d’une conférence qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations-unies à New York et qui doit aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays.

« Notre objectif, c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite, de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs », a déclaré Emmanuel Macron.

Près de 150 pays reconnaissent l’Etat palestinien. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont ainsi franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux Etats reste toutefois rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Soutien français au plan arabe pour Gaza

Le président français a aussi apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant « fermement aux déplacements de populations » face aux ambitions de Donald Trump.

L’initiative arabe se veut une réponse au plan du président américain qui prévoit de prendre le contrôle du territoire palestinien et d’en expulser ses habitants.

Préparée par l’Egypte, elle ambitionne de reconstruire la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, sans déplacer ses 2,4 millions d’habitants.

Gaza n’est « pas un projet immobilier »

Interrogé sur le projet de Donald Trump d’en faire la « Riviera du Moyen-Orient », Emmanuel Macron martèle que la bande de Gaza n’est « pas un projet immobilier ».

« Le simplisme, parfois, n’aide pas. Je dis au président Trump: (…) ‘C’est vrai que c’est trop lent tout ça, je comprends ton impatience, peut-être ce serait formidable si un jour ça se développait de manière extraordinaire, mais là, notre responsabilité, c’est de sauver des vies, de retrouver la paix et de négocier un cadre politique' », a martelé Emmanuel Macron.

« Si tout cela n’existe pas, personne n’investira. Aujourd’hui personne ne mettra un centime à Gaza », a-t-il ajouté.

Source